Dictionnaire de l’Académie française : une neuvième édition à rectifier d’urgence

Communiqué LDH

L’Académie française, créée en 1635 par Richelieu, vient de publier le quatrième volume de la neuvième édition de son Dictionnaire, quatre-vingt-dix ans après la précédente. Ce volume a été solennellement présenté au président de la République, cérémonie destinée à lui conférer légitimité et autorité. La LDH (Ligue des droits de l’Homme) a donc découvert avec stupéfaction et consternation que nombre de définitions participent d’une vision au mieux archaïque de notre monde. C’est ainsi que l’entrée qui définit l’hétérosexualité comme une relation « naturelle » (sic) entre les sexes implique que l’homosexualité n’est pas, elle, naturelle. La femme se voit définie par sa capacité à concevoir et mettre au monde des enfants. Faut-il en conclure qu’une femme stérile ou ménopausée n’en est pas une ? Le traitement du racisme, lourd d’enjeux dans le monde où nous vivons, est de même sidérant. La « race » renvoie ainsi à « chacun des grands groupes entre lesquels on répartit superficiellement l’espèce humaine d’après les caractères physiques distinctifs qui se sont maintenus ou sont apparus chez les uns et les autres, du fait de leur isolement géographique pendant des périodes prolongées. Un homme de race noire, de race blanche, de race jaune ». On apprend incidemment qu’un « négrillon » est un « petit enfant noir », que « Jaune » « se dit d’une personne ou d’une population caractérisée notamment par la pigmentation jaune ou cuivrée de la peau, par opposition à Blanc et à Noir. Un homme de race jaune ». De même, qu’une personne « négroïde » « présente certaines des caractéristiques morphologiques des populations noires. Type négroïde ». Enfin, que l’adjectif « éthiopique » « se rapporte à la race noire ». Aucune distance n’est marquée avec ces entrées, aucune d’entre elles n’est signalée comme discriminante ou péjorative.

La langue française mérite mieux. La démocratie également. Sauf à justifier l’injustifiable et apporter ainsi sa pierre à des constructions intellectuelles et politiques particulièrement dangereuses, les éditions Fayard se doivent de prendre leurs responsabilités dans la diffusion imprimée des versions de ce Dictionnaire. La LDH leur demande de prendre rapidement des mesures visant à insérer un erratum dans les exemplaires mis en vente et à modifier les éditions suivantes.
Cette demande vaut évidemment pour l’édition numérique.

Paris, le 26 novembre 2024

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