Le bulletin n°45 de mars 2010, du groupe de travail « Chine » de la LDH est paru. Comme l’ensemble de ses prédécesseurs, il est disponible en ligne sur le présent site à la rubrique « Groupes de travail ». C’est un outil unique d’information et de réflexion. Bonne lecture ! Vous lirez ici directement l’article éditorial de ce bulletin. Compromis en demi teinte avec la liberté sur l’internet.
Après neuf semaines d’efforts de conciliation, Google tient ses promesses du
mois de janvier et refuse depuis le 22 mars de se plier aux exigences de la
censure chinoise. Il redirige ses clients vers le Google de Hongkong, qui échappe
à la censure. Ce premier pas contre la mainmise d’un Etat répressif sur l’internet
national mérite un salut. Mais Google ne quitte pas la Chine ; il y maintiendra
ses liaisons commerciales et ses activités de recherche et développement. De
leur côté, par un tour de passe-passe, les autorités chinoises garderont sans
doute en grande partie leur maîtrise de la toile car elles sauront filtrer les
interrogations parties vers Hongkong, bloqueront l’accès aux informations
sensibles et maintiendront une menace sur les questionneurs.
La solution du conflit de janvier est donc – en apparence – de type gagnantgagnant
pour les deux parties : gagnant pour Google qui maintient sa présence
et une partie de ses activités lucratives ; gagnant pour le parti qui n’aurait pu
résister longtemps à la vérité rétablie sur des millions d’écrans de son histoire
ancienne ou récente. Il y a quand même un perdant : une population de plus
d’un milliard d’hommes, chinois ou non, qui devront en majorité se contenter
des vérités, semi-vérités et contrevérités que le parti a choisi de leur diffuser,
car il leur sera difficile d’aller s’informer dans l’ancienne colonie britannique sans
risquer des sanctions.
Preuve que le parti n’a pas lâché grand-chose : le Département central de la
propagande a imposé le 22 mars aux médias de mentionner la décision de
Google en reprenant exclusivement les termes choisis par l’agence officielle
Xinhua. L’administration accroît en outre ses exigences en matière de contrôle
des sites, multipliant depuis quelques mois les demandes de documents et les
formulaires à remplir. Les attaques de sites par les « bricoleurs » (hackers) se
multiplient depuis décembre et apparemment, les autorités chinoises ne peuvent
ou ne veulent les prévenir, tout en prétendant avec beaucoup d’aplomb, n’y être
pour rien.
Cette brèche ouverte par Google permet toutefois d’en espérer d’autres. Un
groupe américain (GoDaddy) vient d’annoncer le 24 mars qu’il ne proposerait
plus de noms de domaines chinois en raison du contrôle des bureaux de
censure et parce qu’il ne veut pas se comporter en « agent du gouvernement
chinois ». Reporters sans frontières demande à Yahoo et à Microsoft de suivre
ces exemples.
Autre point positif : le différend contribuera à éclairer les cybernautes sur les
contrôles et les obstacles qu’on leur impose dans leur quête d’informations.
Selon une enquête rapportée par le Comité de protection des journalistes, le
pourcentage des cybernautes conscients de l’existence d’une censure est passé
en deux ans de 5% à 20%. Tout porte à croire que le nombre des utilisateurs
d’Internet désireux d’échapper aux contrôles croît au même rythme. En effet, le
22 mars, le nombre des consultations des sites permettant d’escalader le mur
de la censure (fanqiang) a tout simplement triplé en un seul jour et il était six
fois plus élevé qu’au premier mars.
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Bulletin Chine n°45