Communiqué LDH
La LDH publie aux éditions La Découverte l’édition 2011 de son Etat des droits de l’Homme en France sous le titre « La République défigurée ».L’été 2010 a marqué un tournant dans le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Lien martelé entre immigration et insécurité, remise en cause des naturalisations de « Français d’origine étrangère », présomption de délinquance pour les jeunes nés en France de parents étrangers, etc. Cette avalanche salit l’image de la France et défigure la République. Il s’agit là d’une tentative, d’ailleurs ratée, de récupération de l’électorat d’extrême droite après l’échec des régionales de mars 2010, mais aussi d’une diversion face au rejet d’une politique ouvertement favorable aux plus hauts revenus en pleine crise sociale.
Ce qui est défiguré, c’est ce qui fait de la République bien plus qu’une simple étiquette constitutionnelle, c’est la République « laïque, démocratique et sociale » qu’institue l’article 1er de la Constitution. Celle qui permet le respect égal de tous les citoyens.
Ce qui défigure la République, c’est, de lois antiétrangers en chasse aux sans-papiers, la dérive vers une véritable xénophobie d’Etat. C’est l’ethnicisation croissante du politique, le président de la République lui-même se défaussant sur des groupes ethniques responsables de l’insécurité qu’il met en scène. C’est le démantèlement des droits sociaux qui accentue la précarité, la fragmentation sociale et l’accroissement des inégalités. C’est, enfin, l’exacerbation d’un système monarchique qui étouffe les débats politiques réellement contradictoires et mine la séparation des pouvoirs.
Si la LDH a signé avec cinquante organisations associatives et syndicales un « Pacte pour les droits et la citoyenneté », c’est qu’il est plus que temps d’interpeller les forces politiques, les élus et les candidats pour en finir avec ces politiques de la peur, de la discrimination et de la régression sociale. Pour reconstruire, par l’exercice actif de la citoyenneté, une République dont chacun puisse se sentir fier d’être le citoyen.
Paris, le 28 avril 2011.