Communiqué LDH
Pour la première fois en France, un employeur a osé, le 30 novembre, prendre en otage les « valeurs républicaines » pour s’attaquer à la liberté syndicale et tenter d’instituer sous une forme privatisée un véritable délit d’opinion.L’opérateur téléphonique SFR a en effet demandé au tribunal d’instance de Longjumeau de déclarer non représentatif le syndicat SUD au motif que ce dernier ne respecterait pas les « valeurs républicaines » dès lors que, déclarant se placer « dans la perspective du socialisme autogestionnaire », il « remet en cause le droit de propriété et la liberté d’entreprendre ».
On apprend ainsi que tout citoyen, et notamment tout travailleur, qui souhaiterait par exemple la nationalisation des entreprises s’engraissant sur le démantèlement du service public des télécommunications enfreindrait, aux yeux de la société SFR, des « valeurs républicaines » qui semblent se confondre avec la défense des intérêts patronaux. L’« identité nationale » prend décidément des contours de plus en plus révélateurs.
On trouve sur le site de la société SFR la proclamation publicitaire suivante : « Par son engagement auprès de ses clients et ses objectifs d’excellence en matière de développement durable et de responsabilité sociale, SFR investit dans la durée. » Si l’engagement auprès des clients inclut la transparence, il conviendrait sans doute que le message soit complété de l’indication que les syndicalistes et autres « socialistes autogestionnaires », en tant qu’adversaires des « valeurs républicaines », n’y sont pas les bienvenus. « Responsabilité sociale » oblige…
La Ligue des droits de l’Homme rappelle qu’au premier rang des « valeurs républicaines » figure la liberté syndicale protégée par la Constitution de la République et qu’en vertu de cette liberté la définition des principes et des valeurs que défend une organisation syndicale relève de ses adhérents et non de la volonté des employeurs.
Paris, le 1er décembre 2009