Communiqué LDH
On croyait fini le temps de la chasse aux vagabonds. On croyait occis les derniers partisans de la mise à l’écart des pauvres et des déviants. On croyait enfin accepté que, faute de mieux, les plus démunis des résidents de notre pays tentent de survivre dans les interstices de la société de consommation.
Mais il est des endroits, des communes, des villes où l’un des arguments majeurs de la politique municipale est la chasse aux pauvres. Bien sûr, on ne va pas les nommer, même sous un vocable collectif, ce serait leur faire l’honneur d’une certaine existence et la preuve de la réalité des situations individuelles et générales qui les ont jetés dans cet état. L’arrêté « anti-glanage » pris par le maire de Nogent-sur-Marne, après celui qui interdisait la mendicité, est emblématique de ce nouveau cours : faire place nette à la… propreté pour se débarrasser de ces « saletés de pauvres ». En juillet dernier, le maire de la Madeleine, avait pris un semblable arrêté, mais, plus direct, avait fait traduire le dit texte en roumain et en bulgare pour que personne ne doute des personnes visées. Pauvres, nomades et étrangers…
Et pourtant, dans un très émouvant film, Agnès Varda décrivait avec plaisir et gourmandise, en reprenant un terme hérité des temps anciens, ces glaneurs des temps contemporains qui refusent que le gaspillage soit l’aune à laquelle on mesure la consommation. Un rapport récent de l’un des organismes des Nations unies affirmait que le contenu des poubelles de certains endroits des pays les plus riches dépassait en valeur ce qui serait utile pour nourrir tous les pauvres de la planète. Et l’on dit à ces gens d’aller fouiller ailleurs, là où il n’y a rien à glaner…
La LDH soutient sa section de Nogent-sur-Marne dans sa lutte pour faire obstacle à cette politique d’exclusion des plus démunis. Elle entend déposer un recours en annulation, accompagné d’un référé, pour mettre en urgence un terme à cette dérive sécuritaire, aux remugles d’hygiénisme.
Paris, le 13 octobre 2011.