« Nous… La cité… On est partis de rien et on a fait un livre »
Rachid Ben Bella, Sylvain Erambert, Riad Lakhechène, Alexandre Philibert, Joseph Ponthus, Postface de Jane Sautière
Collection Zones, La découverte, 15 €
On pourrait passer à coté de ce livre au prétexte du « déjà vu » ; après tout, la banlieue, les jeunes désoccupés, l’ombre du sécuritaire et l’impuissance du préventif sont des ingrédients mille fois ressassés. « Nous… la cité » constitue pourtant un témoignage qui vaut le détour ; rédigé a cinq mains – quatre jeunes et leur éducateur-, il reconstitue, nœud après nœud, la trame complexe d’un quotidien bornée par les halls d’immeuble, les cours de justice, quelques embrouilles désespérées – en tout cas désespérantes et l’hypothèse modérément enthousiasmante du travail. Cette reconstitution, dont le réalisme n’exclut ni une certaine poésie ni une réelle tendresse, se développe à partir d’un point de vue de l’intérieur. On est aux antipodes – et l’on s’en félicite – de « tout, tout de suite », de Morgan Sportes ; le vécu des jeunes qui prennent la plume, c’est plutôt « pas grand chose, à jamais ». A ceci près, justement, qu’ils prennent la plume et témoignent d’une galère où s’entremêlent épisodes de violences, constructions de solidarité, éclats de rire et la volonté d’en sortir. Bref, l’histoire d’un résistible destin.
L’écriture, alors devient autre chose qu’un simple témoignage pour atteindre à la tentative publique de reconstruire, face a des réalités aussi lourdes que réifiantes, une logique d’humanité.