Le texte de cet article avait été rédigé avant la tenue effective de la Conférence. Quelques jours après RIO+20, comment cacher notre déception, même si les attentes s’étaient, ces derniers mois, progressivement réduites ?
Aucun engagement contraignant, une « feuille de route » bien pâle, un nouveau terme (économie verte) qui fait peur à certains pays et à beaucoup d’ONG, et un quasi statu-quo sur la gouvernance mondiale des questions environnementales!
Même l’affichage de leur présence à Rio n’était pas « politiquement souhaitable » pour beaucoup de dirigeants.
En points positifs, retenons donc la mobilisation de la société civile mondiale, et une contribution européenne aux débats plutôt de bonne facture.
Ne désespérons pas ! il faut continuer, par exemple (et sans facétie), en France, en réformant le code minier…
Le sommet des Nations Unies pour un développement durable s’est déroulé à Rio-de-Janeiro. Quel constat peut-on faire de la situation actuelle et que pouvait-on espérer de cette nouvelle rencontre, 20 ans après le « sommet de la Terre » qui, en 1992, avait porté beaucoup d’espoirs et structuré, notamment au niveau des collectivités locales (Agenda 21) les grands programmes environnementaux des deux dernières décennies ?
Malgré une prise de conscience planétaire très large, portée par les ONG après RIO, sur la nécessité de prendre en compte à la fois la finitude de notre planète et la nécessité d’une solution globale aux problèmes de pauvreté et de justice (c’est-à-dire, nous ne l’oublions pas à la LDH, de droits), force est de constater que ce qu’on appelle « la crise » a relégué au second plan, sinon plus loin, les problèmes globaux de l’équilibre de l’espèce humaine dans son écosystème.
« La crise », c’est-à-dire essentiellement la conjonction de l’évolution d’un système de production/consommation qui cherche un nouveau souffle, et qui a trouvé jusqu’ici un peu d’oxygène, avec l’accord des responsables politiques, dans la précarisation des salariés et l’assèchement des recettes publiques au nom de la « compétitivité », ainsi que dans la mise sous tutelle des Etats par la spéculation financière.
Le constat est donc, au-delà du retour des égoïsmes nationaux et d’une mise entre parenthèses d’une véritable volonté multilatérale, celui d’une absence de marges de manœuvres politiques et budgétaires qui permettraient d’investir dans les multiples transitions à enclencher vers un développement durable : Car nous continuons de croire, sans naïveté, à la LDH, au concept de développement durable, c’est-à-dire à un processus qui permettrait aux pays et aux populations les plus pauvres de sortir de la pauvreté par le développement, économique, mais aussi social, tout en structurant, notamment par des efforts des pays et populations les plus riches, la durabilité de ce développement dans les limites contraignantes de nos écosystèmes.
Que peut-on donc espérer de RIO+20 ?
Il nous semble que RIO+20 pourrait ne pas être un échec si la conférence pouvait avancer sur les 2 plans :
de l’impulsion d’un « nouveau paradigme » économique
d’une nouvelle gouvernance mondiale de la problématique environnementale.
Pour ce qui est de l’économique, la LDH souhaite amener, par rapport au concept d’ « économie verte », panacée pour certains, épouvantail pour d’autres, les précisions suivantes : Le 21ème siècle et ses probables 9 milliards d’habitants aura besoin de nourriture, de biens industriels d’équipement et d’infrastructure, même dans le cadre d’une économie « à circuits courts », « relocalisée », centrée sur les « services » plutôt que sur les biens, voire « circulaire ».
Que cette « nouvelle économie » soit qualifiée de verte de nous gène pas, si elle s’inscrit aussi dans la justice et l’égalité sociale, et si la couleur n’est pas un simple artifice de communication : il appartiendra à l’ONU, aux institutions internationales et nationales d’y veiller.
La récente déclaration de la nouvelle ministre de l’environnement, qui parle d’une « économie verte et solidaire », va donc pour nous dans le bon sens.
Nous sommes toutefois, comme d’autres organisations, inquiets d’une dérive possible de l’économie verte qui consisterait à intégrer dans les mécanismes marchands l’ensemble des externalités « valorisables » de la problématique environnementale.
Il y a des choix et des valeurs qui sont politiques, et qui ne peuvent être laissés au champ économique, sous couvert d’une meilleure « rationalité ».
Dans ce cadre, la « mise à prix », au sens propre, des mécanismes du vivant, de la biodiversité ou du capital forestier des pays tropicaux, pour ne citer que quelques exemples, doit être exclue. Le concept de « biens communs » doit être promu comme la seule alternative au « tout marché », même si cela demande davantage de courage que de laisser les prix se faire…
Pour ce qui concerne la gouvernance, l’efficacité de la lutte environnementale gagnerait à une coordination, sinon concentration des moyens au sein d’une agence mondiale de l’Environnement, qui pourrait avoir, au sein de l’ONU, une position comparable à l’OMC pour l’économique et à l’OIT pour le social. La LDH soutient également une coordination des 3 piliers du développement durable dans la cadre de l’Ecosoc (conseil économique et social) de l’ONU.
Quant aux acteurs de ces instances internationales, il nous apparaîtrait utile qu’ils incluent, en plus des Etats, les ONG environnementales internationales et les grandes organisations représentant la société civile mondiale: cette ouverture, probablement difficile dans le cadre onusien, correspond à ce que nous proposions au plan national dans le chapitre « Face à l’urgence écologique : changer d’ère » de « l’Etat des Droits 2012 », pour adapter notre système de démocratie représentative aux défis de notre temps.
LDH, le 18 juin 2012