Communiqué commun REMDH/FIDH
La FIDH et le REMDH expriment leurs préoccupations face à l’acharnement judiciaire dont sont victimes de nombreux artistes et journalistes ces dernières semaines en Tunisie, faisant craindre une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Ces dérives portent un coup aux libertés fondamentales -notamment la liberté d’expression- qui sont les piliers d’une démocratie saine et dont le respect est essentiel en cette période de transition en Tunisie.En effet, des arrestations et des peines de prison ferme ont ainsi été prononcées pour sanctionner l’exercice de ces libertés. Le caractère disproportionné de ces peines et le principe même de la condamnation ont été dénoncés par les organisations de défense des droits de l’Homme.
Le 18 août 2013, Mourad Meherzi, le caméraman d’Astrolabe TV, a été placé en détention et risque une peine de 7 ans de prison après avoir filmé un jet d’œuf sur le ministre de la Culture Mehdi Mabrouk par le cinéaste tunisien Nasreddine Shili lors d’une cérémonie vendredi 16 août marquant le décès d’un comédien tunisien. Le porte-parole d’Astrolabe TV, Ahmed Amine Ben Saad, actuellement en grève de la faim en soutien à son collègue, a assuré pour sa part que le caméraman n’avait rien à voir avec l’incident dont il a simplement été témoin : « Il était sur les lieux et c’est son travail de filmer ce qui s’y passe », affirme-t-il. Selon son avocat Me Ayoub Ghdamsi, Mourad Meherzi a refusé de signer le PV où les autorités prétendent qu’il reconnait la participation à la préparation de cet acte et ce selon son avocat Me Ayoub Ghdamsi.
Par ailleurs, le 2 septembre 2013, les chanteur de ‘rap’ Weld El 15 et Klay BBJ, de leurs vrais noms Aladine Yacoubi et Ahmed Ben Ahmed, ont été condamnés par contumace pour outrage à des fonctionnaires, atteinte aux bonnes mœurs et diffamation pour des chansons considérées comme insultant la police totalisant une peine de un an et neuf mois de prison ferme. Me Ghazi Mrabet, leur avocat, affirme que « Ce procès a eu lieu sans que nous ayons reçu de convocation ». Les deux artistes affirment en outre avoir été harcelés par la police à maintes reprises auparavant.
Nos organisations s’inquiètent vivement de cet acharnement envers les artistes et journalistes alors que les autorités ont fait preuve d’une inertie totale face aux actes de violence et aux appels aux meurtres dont la Tunisie a été le théâtre pendant ces derniers mois.
Le REMDH et la FIDH appellent les autorités tunisiennes à :
Libérer immédiatement et inconditionnellement Mourad Mehrzi
Mettre fin aux poursuites judiciaires et au harcèlement policier à l’encontre des artiste et journalistes
Respecter la liberté d’expression et œuvrer à une justice indépendante et respectueuse des droits et libertés
Tunis, le 5 septembre 2013