Communiqué LDH
Une fois de plus, c’est à la police que le gouvernement confie le soin de s’occuper d’enfants. Le 15 février 2011 au matin, à Abbeville et à Amiens, c’est un gigantesque déploiement de police que les enfants de deux foyers de l’Aide sociale à l’enfance (Ase) ont dû subir.C’est que l’enjeu devait être de taille pour mobiliser vingt policiers en tenue, deux policiers en civil et deux fourgons de police. Il s’agissait d’interpeller neuf jeunes, pris en charge par l’Ase, résidant dans deux foyers distincts à Abbeville et à Amiens. Leur point commun est d’être tous scolarisés à Amiens : au lycée Romain Rolland pour huit d’entre eux, et au collège C. Franck pour un d’entre eux.
L’interpellation a été « musclée », selon les propres termes de la directrice de l’un des foyers, qui a indiqué que les jeunes de 6 à 18 ans qui y sont accueillis ont été choqués de la violence déployée. Ils bénéficient, depuis, d’une aide psychologique.
Une fois interpellés, la préfecture de la Somme ayant pris à leur encontre un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière, les neuf jeunes ont été placés dans différents centres de rétention administrative : Oissel-Rouen, Plaisir, Vincennes, Mesnil-Amelot. Le lundi 21 février, le tribunal administratif de Rouen a annulé cinq des arrêtés préfectoraux, au motif notamment que les actes de naissance des intéressés n’étaient pas remis en cause par le préfet, et que les tests osseux n’avaient aucune fiabilité.
A ce jour six des jeunes interpellés ont été libérés, deux comparaissent aujourd’hui, jeudi 24 février, devant la juridiction administrative. Quant au dernier, il risque l’éloignement, son recours ayant été rejeté.
La LDH s’oppose à ce qui est une violation des droits des enfants. D’abord parce que les conditions d’interpellation sont d’autant plus inacceptables qu’il s’agit de mineurs. Ensuite parce que la position de l’Ase n’a pas consisté à assurer leur protection. Enfin parce que l’administration n’aurait jamais dû mettre en œuvre une procédure d’éloignement du territoire, alors qu’elle ne dispose d’aucun élément pour mettre en doute la minorité des jeunes interpellés.
La LDH demande que toutes les mesures à l’encontre des jeunes soient annulées, et leur retour dans leur foyer d’accueil. Elle récuse l’utilisation militarisée des forces de police pour arrêter jusqu’à des enfants. Elle demande que toute la lumière soit faite sur les errements et les agissements des responsables qui ont autorisé leur interpellation, et qui n’ont pas assuré leur protection.
Paris, le 24 février 2011.