Communiqué commun LDH, FIDH, HRIC et ICT
Alors que M. Hu Jintao, Président de la République populaire de Chine et secrétaire général du Parti communiste de Chine est en visite officielle en France, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et ses organisations membres, Human Rights in China (HRIC), International Campaign for Tibet (ICT) et la Ligue française des droits de l’homme (LDH) demandent au président français, M. Sarkozy de mettre les droits humains au sommet de l’ordre du jour des réunions bilatérales.Nos organisations ont exprimé leur profonde préoccupation concernant la détérioration des droits de l’homme en Chine, dans la foulée des Jeux olympiques et de l’Exposition universelle de Shanghai. Selon Human Rights in China près de 40 personnes ont été mise en résidence surveillée en Chine dans les semaines suivant la remise du prix Nobel de la paix à 2010 à Liu Xiabobo (刘晓波). Un militant des droits nationaux a fait remarquer que l’intensité et la portée de cette répression est supérieure à celles qui a sévi lors des Jeux olympiques de Beijing 2008, de la signature de la Charte 08, et du 60e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine en 2009. D’autres observateurs prédisent que la répression va se poursuivre et que davantage de personnes seront probablement placées en résidence surveillée.
Outre le harcèlement continu et l’intimidation exercé à l’encontre de la société civile chinoise et des défenseurs des droits humains, les autorités continuent de violer les droits fondamentaux des personnes appartenant à des minorités ethniques. Selon l’International Campaign for Tibet, plusieurs manifestations ont eu lieu il y a deux semaines à l’initiative d ‘écoles et collèges tibétains alors que de nouvelles mesures ont été prise mettant l’accent sur le chinois comme langue principale d’enseignement et faisant du tibétain un simple cours de langue avec moins de temps attribué dans les programmes. Les protestations se sont propagées dans plusieurs zones du Qinghai à Beijing, impliquant des milliers d’étudiants tibétains. L’ampleur de ces protestations à travers le Tibet reflète la force des sentiments des Tibétains au sujet de la marginalisation et de l’érosion de leur langue, et du fondement de l’identité tibétaine, la religion et la culture. Plus de 300 enseignants et étudiants du Qinghai ont signé une pétition en faveur de la langue tibétaine. Alors que la sécurité a été renforcée dans les lieux de protestation, des sources ont confirmé l ‘arrestation et la détention de plus de 20 élèves d’une école tibétaine en Chabcha le 22 Octobre. La FIDH, HRIC, ICT et la LDH notent que les membres de la minorité ouïgoure ont également longtemps souffert de l’érosion de leurs droits linguistiques dans toutes les écoles du Xinjiang.
Alors que la communauté internationale concentre son attention sur ses liens économiques avec la Chine, plusieurs sujets de préoccupation demeurent sans réponse adéquate de la part de la communauté internationale. Les déficiences graves et chroniques du système judiciaire chinois, en particulier l’insuffisance des garanties de procédure, la procédure pénale, bien documentées par le groupe droits de l’homme, et la fameuse législation sur les secrets d’Etat ont créé des conditions favorables à l’impunité. Les garanties fondamentales inscrites par les normes internationales des droits de l’homme et par la Constitution chinoise ne sont pas remplies, malgré les déclarations contraires des autorités chinoises.
La FIDH, HRIC, ICT et la LDH, appellent M. Sarkozy à aborder ces questions cruciales lors de sa rencontre avec la délégation chinoise et à exercer des pressions sur la Chine afin qu’elle prenne des mesures immédiates en vue de l’amélioration concrète de son bilan des droits de l’homme. La France doit exiger la libération immédiate du lauréat du prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo et de tous les autres défenseurs des droits humains et militants en emprisonnés. En outre, la France doit demander la publication des statistiques et autres informations pertinentes concernant l’application de la peine capitale en Chine. La France et l’Union européenne, dans le cadre du dialogue bilatéral UE/Chine sur les droits de l’homme, doit s’assurer que les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, ainsi que les droits des personnes appartenant à des minorités soient respectées par les autorités chinoises.
Alors que la Chine va de l’avant comme une grande puissance au niveau international, la communauté internationale doit envoyer un message fort selon lequel ce rôle porte également la responsabilité de protéger les principes universels des droits humains. Nos organisations membres regrettent que ce message n’ai pas été effectivement porté aux autorités chinoises dans le passé. Nous espérons sincèrement que cette occasion ne sera pas perdue.
Paris – Bruxelles – New York 3 novembre 2010.