Communiqué AEDH
Partir ou ne pas partir : la question ne sera plus posée. Le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union européenne. L’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme (AEDH) estime qu’au-delà du résultat au référendum, qui forcément fige une réponse binaire, les problèmes subsistent.
Pour se souvenir de leurs ampleurs, il suffit de se rappeler les négociations entre le Conseil européen et le gouvernement britannique qui ont précédé le vote lui-même et qui ont, selon nous, abouti à un compromis trop généreux au détriment de l´intégration politique d´une Europe solidaire et démocratique.
Malgré la satisfaction des exigences du gouvernement britannique il s’est trouvé une majorité hétérogène et fragile au Royaume-Uni pour considérer que les intérêts britanniques seraient mieux assurés en dehors de l’UE, en particulier la monnaie, la concurrence sur le libre marché, le contrôle direct de l’immigration. C’est d’ailleurs sur ce dernier point que les mots les plus graves ont été prononcés.
Sans avoir à prendre partie sur le résultat lui-même, l’AEDH considère comme extrêmement dangereux pour les droits des citoyens, les messages envoyés par ce référendum :
La possibilité pour chaque État membre de faire exactement comme il l’entend pour préserver ses seuls intérêts nationaux prétendus, en plus considérés momentanément comme primordiaux puisque le Conseil obtempère;
- Au lieu de se poser des buts communs, l’UE se rétracte en une juxtaposition de gouvernements négociant le plus petit dénominateur commun ;
- De la politique commune ne reste guère que ses composantes économique, financière et budgétaire au détriment de toutes les autres, en particulier les droits sociaux ;
- Ainsi transformée en un espace de concurrence, l’Union européenne va crouler sous la recherche de chocs de compétitivité de tous contre tous ;
- La menace permanente de la sortie sera brandie comme un moyen d’imposer à tous des solutions particulières, en d’autres mots, la fin de l’UE.
L’AEDH s’adresse publiquement aux président du Conseil européen et aux chefs d’État et de gouvernement qui le composent pour qu’ils prennent la mesure des dangers qu’ils font courir aux droits en dévoyant l’UE vers une concurrence généralisée entre les intérêts nationaux.
Elle leur demande de sortir des fausses solutions et des petits arrangements intergouvernementaux. On ne peut augmenter chez les citoyennes et les citoyens européens le sentiment d’une appartenance commune si dans le même temps on réduit la politique européenne à d’insupportables marchandages qui permettent à chaque Etat membre de ne choisir que ce qu’il veut, par exemple refuser les migrants, ou n’en vouloir qu’une certaine sorte, refuser les dépenses, réduire des droits des femmes, détruire les droits démocratiques.
Le projet européen a maintenant besoin d’un recentrage sur ces valeurs fondatrices : seule une Union démocratique, sociale, inclusive, accordant les mêmes droits à tous et respectant ses obligations internationales pourrait être reconnue par les citoyens comme légitime.
Contact:
Dominique Guibert, Président
AEDH, Association Européenne pour la défense des Droits de l’Homme
33, rue de la Caserne. B-1000 Bruxelles
Tél : +32(0)25112100 Fax : +32(0)25113200 Email : info@aedh.eu
Bruxelles, le 28 juin 2016
L’Association Européenne pour la Défense des Droits de l’Homme (AEDH) regroupe des ligues et associations de défense des droits de l’Homme des pays de l’Union Européenne. Pour en savoir plus, consultez le site http://www.aedh.eu/?lang=fr.