Sihem Souïd victime de violentes attaques racistes sur twitter

Le message de Sihem Souïd

Sihem Souïd, le racisme, elle connaît. Fonctionnaire de police, elle en a été victime dans son travail. A tel point qu’elle l’a dénoncé, dans un livre qui a fait grand bruit à l’époque (en 2011), « omerta dans la police », où elle racontait son vécu dans la police de l’air et des frontières.

Cet ouvrage lui a attiré instantanément les foudres du ministre de l’intérieur de l’époque, M. Guéant, (depuis battu, comme son fils, aux législatives et qui vient de subir une longue garde à vue), qui lui a infligé une suspension de 6 mois. Non content de cela, il a porté plainte contre Sihem Souïd pour « violation du secret professionnel ». Bien mal lui en a pris, il a été débouté jusqu’en appel.

Aujourd’hui, Sihem Souïd travaille au ministère de la justice. Et le lundi 26 mai, révoltée par le résultat du front national aux élections européennes, elle a placardé sur la porte de son bureau un message : « Je demande respectueusement aux collègues qui ont mis dans l’urne un bulletin Front national hier de ne plus me faire la bise et encore mieux, ne me dites pas bonjour. Merci de votre compréhension. » Et elle l’a photographiée, et posté sur Twitter…

Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’agressivité de fachos et des racistes : elle a reçu en réponse quantité de twits lui demandant de quitter la France (elle a la double nationalité française et tunisienne) : « si tu n est pas contente retourne chez toi » (orthographe respectée, NDLR) en un des exemples les moins violents. Ce qui ne décourage pas la jeune femme qui twitte alors qu’elle assume totalement ce qu’elle a écrit. Et des messages de soutien commencent à arriver sur son compte.

Cette anecdote (le mot n’est pas franchement bien choisi) montre bien l’état de la France : les facistes et les racistes osent désormais s’afficher, braillent sans honte leurs « idées ».

Ce qui n’empêche pas une frange de la gauche de prétendre que des associations telles que SOS racisme ont contribué à la victoire du front national aux européennes. Ben tiens ! Il faudrait donc courber l’échine devant les racistes ? Si les défenseurs de Dreyfus, les Victor Basch, Francis de Pressensé et les autres l’avaient fait, où en serait-on aujourd’hui ?

En revanche, Valls n’y aurait pas contribué ?

La droite a repris jusqu’à la nausée les thèses du front national dans tous les domaines (les pauvres fraudeurs, les chômeurs fainéants, les Rroms voleurs, le pain au chocolat…). Une certaine gauche, celle de M. Valls, lui a emboîté le pas, comme si pour battre l’adversaire, il suffisait de reprendre ces idées. C’est oublier qu’en général, on préfère l’original aux imitations.

C’est aussi oublié, quoi  qu’en disent certains, que le racisme n’est pas une opinion. C’est un délit. Qu’on le veuille ou non.

Une autre piste permet de trouver des explications au vote du front national : l’adhésion d’une certaine gauche au libéralisme y est aussi pour beaucoup. Il n’est qu’à lire l’ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, « la violence des riches », pour s’en convaincre.

La LDH solidaire de Stéphane Rouxel et Laurent Guillou, salariés empoisonnés par des pesticides chez Triskalia

Stéphane Rouxel et Laurent Guillou, victimes d'un empoisonnement par les pesticides dans l'entreprise Triskalia

Ils ont été empoisonnés au travail par des pesticides

Justice pour eux !

Manifestation de soutien

aux ex-salariés de Nutréa-Triskalia

 le jeudi 5 juin 2014  à 14h

devant le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale  (TASS )

 Bd Sévigné Centre ville de à Saint Brieuc

 Gravement intoxiqués par des pesticides interdits, Stéphane Rouxel et Laurent Guillou ex-salariés de l’entreprise Nutréa-Triskalia de Plouisy dans les Côtes d’Armor mènent depuis maintenant quatre années un combat sans relâche pour faire reconnaître leur maladie, exiger réparation et dénoncer le scandale sanitaire et environnemental que représente aujourd’hui l’utilisation irresponsable des pesticides dans l’industrie agroalimentaire (lire aussi ici, et , ainsi que dans Ouest-France et Le Télégramme).

 Le 5 juin le TASS de Saint Brieuc statuera sur la faute inexcusable de l’employeur.

 Accidentés du travail et empoisonnés, Stéphane et Laurent ont finalement été licenciés par leurs employeurs, qui n’ont fait aucun effort pour les reclasser et encore moins pour les indemniser. Atteints tous les deux d’une maladie très invalidante, l’hypersensibilité aux produits chimiques multiples (MCS en anglais), ils n’ont pas retrouvé d’emplois, ont épuisés leurs droits au chômage et n’ont plus aujourd’hui comme ressource que l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS) pour vivre avec leur famille.

Ils sont défendus par Maître François Lafforgue, l’avocat de nombreuses victimes de l’amiante ou des pesticides  et soutenus par un large Comité de soutien composé de seize organisations. (Phyto-Victimes, Générations Futures, SOS-MCS, l’Union syndicale Solidaires, la Confédération Paysanne, Attac, la Ligue des droits de l’Homme, Eaux et Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, EELV, UDB, Ensemble, le P.G, le NPA, Sauvegarde du Trégor et Sauvegarde du Penthièvre.)

Le 5 juin prochain à 14h devant le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale, Boulevard, à Saint-Brieuc, manifestons  une nouvelle fois nombreux pour soutenir les salariés de Nutréa-Triskalia qui demandent que justice leur soit rendue et que la faute inexcusable de leur employeur soit enfin reconnue.

Extrême droite : construire des résistances au quotidien

Extrême droite :

construire des résistances au quotidien.

Rejoindre la LDH, c’est maintenant !

 

Si le résultat des élections des représentant-e-s français-e-s au Parlement européen n’est pas une surprise, la Ligue des droits de l’Homme ne peut que s’inquiéter de l’ampleur du vote d’extrême droite, que l’on mesure aux succès engrangés par les différentes formations xénophobes et/ou nationalistes dans différents pays européens.

Loin de rassembler les citoyen-ne-s d’Europe, l’Union européenne a généré lassitude et rejet. C’est ainsi que le poids considérable de l’abstention, scrutin après scrutin, s’installe au cœur de la vie politique et sociale de notre pays. Ce désengagement, fruit de désillusions, d’atermoiements et de promesses non tenues, se double de désespoir et crée une situation de grande fragilité démocratique.

Le fait qu’en France un votant sur quatre a choisi d’appuyer une thématique de repli national, opposée à toute construction européenne, ouvre un large champ à la multiplication de déclarations « antisystèmes », aussi démagogiques que toxiques, mais qui vont se réclamer de la souveraineté du peuple pour intervenir de façon provocatrice sur le terrain même de la préférence nationale, puisque tel est le but.

Faire face à cette résistible montée des idées d’extrême droite suppose des changements forts, lisibles et concrets. Il y a urgence. De ce point de vue, le double message envoyé par le Premier ministre puis par le président de la République au lendemain de l’élection consistant à affirmer, d’une part, que tout dépend de l’Europe, d’autre part, que l’on ne saurait adapter sa politique aux circonstances, n’est porteur ni d’espoir ni de perspectives.

La Ligue des droits de l’Homme appelle les Françaises et les Français, toutes celles et tous ceux qui résident, vivent et travaillent en France à s’opposer de façon résolue aux idées de repli national et de rejet de l’étranger. Elle appelle à combattre l’illusion dangereuse selon laquelle le fait de réduire le champ de l’égalité, de rejeter celui de la fraternité, de limiter celui de la liberté pourrait constituer en soi une solution aux défis posés au pays par la mondialisation financière.

La LDH partage la légitime émotion manifestée, en France et plus largement en Europe, par celles et ceux qui ne peuvent se résoudre à considérer qu’un bon résultat électoral signifie une victoire des idées de l’extrême droite. La LDH  entend poursuivre, inlassablement, le combat qu’elle mène de longue date pour toutes les libertés, contre les inégalités, contre les discriminations de toute nature. A cet égard, elle salue les mobilisations de la jeunesse et se félicite des coopérations civiques et militantes qui sont engagées au sein du mouvement associatif et du mouvement syndical, notamment dans le cadre de l’appel  « Toutes et tous pour un avenir solidaire ».

La Ligue des droits de l’Homme en appelle au sursaut et à une résistance de longue haleine, qui implique qu’elle soit organisée. Rejoindre la LDH, c’est maintenant !

 

Manifeste pour un titre de séjour unique

Manifeste pour un titre de séjour unique, valable 10 ans, délivré de plein droit

À force de réformes du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), de plus en plus d’étrangers et d’étrangères sont placés dans une situation insupportable : précarité des titres de séjour délivrés, délais interminables pour en obtenir le renouvellement même dans les cas où il est de plein droit, arbitraire d’une administration qui interprète les textes le plus restrictivement possible, conditions d’accueil déplorables dans les préfectures…

La situation s’est dégradée à un point tel que les soutiens habituels ou les personnes qui sont en relation avec des immigré-e-s ne sont plus les seules à s’en émouvoir : en haut lieu aussi on commence à se préoccuper des retombées néfastes de la réglementation actuelle et de ses conditions d’application, comme en témoigne le rapport Fekl remis au gouvernement en mai 2013 [1].

Pour sortir de cette situation, ce rapport préconise, comme s’il s’agissait d’une grande avancée, la création d’une carte « pluriannuelle », intermédiaire entre la carte temporaire d’un an et la carte de résident de dix ans. Mais pourquoi se contenter de cette demi-mesure ? Il y a trente ans, l’Assemblée nationale votait, à l’unanimité, la création de la carte de résident, valable dix ans et renouvelable de plein droit. Ce « titre unique de séjour et de travail » avait vocation à devenir le titre de séjour de droit commun pour l’ensemble de ceux et celles qui étaient installés durablement en France ou qui avaient vocation à s’y établir en raison de leurs attaches familiales ou personnelles. Les réformes successives ont détricoté ce dispositif, alors considéré, à droite comme à gauche, comme le meilleur garant de l’insertion – selon la terminologie de l’époque – des personnes concernées : c’est la carte de séjour temporaire qui fait aujourd’hui figure de titre de droit commun, tandis que l’accès à la carte de résident n’est plus qu’une perspective lointaine et aléatoire, soumise au bon vouloir de l’administration qui vérifie préalablement l’« intégration républicaine » des postulant-e-s.

* * *

N’ayons pas la mémoire courte : la loi du 17 juillet 1984 a été adoptée dans un contexte qui avait beaucoup de points communs avec celui d’aujourd’hui : le chômage de masse sévissait déjà, le Front national était une force politique montante et l’inquiétude quant à l’avenir n’était pas moindre. Pour des raisons essentiellement électoralistes, les gouvernements successifs ont mené des politiques systématiques de précarisation dont nous constatons chaque jour les effets dévastateurs.

Revenir à la carte de résident telle qu’elle avait été initialement instituée est une revendication nécessaire et réaliste. Les raisons mises en avant en 1984 pour réclamer et obtenir l’instauration de la carte de résident demeurent toujours valables aujourd’hui : simplification des démarches administratives, amélioration des conditions d’accueil dans les préfectures – et accessoirement des conditions de travail des fonctionnaires, mais surtout garantie de sécurité juridique indispensable pour pouvoir construire sa vie dans la société française.

Nous, organisations signataires, refusons qu’en 2014 les personnes étrangères qui ont construit leur vie en France soient maintenues dans l’insécurité d’un droit au séjour précaire.

Nous voulons qu’il soit mis fin aux effets désastreux de cette précarité dans les domaines de l’activité professionnelle, de la vie familiale, de l’accès aux droits sociaux, à un logement, à un prêt bancaire…

Nous demandons que leur soit remis un titre de séjour pérenne, le même pour tous.

Ce titre de séjour, créé il y a trente ans, existe encore dans la réglementation, même si les conditions de sa délivrance ont été progressivement dénaturées : nous réclamons le retour à la philosophie qui avait inspiré sa création et la rupture avec une politique aux conséquences injustes et inhumaines. La carte de résident, valable dix ans, doit à nouveau être délivrée et renouvelée de plein droit aux personnes établies en France, garantissant leur droit à y demeurer sans crainte de l’avenir.

www.cartederesident.org.

Le « Manifeste pour un titre de séjour unique, valable 10 ans, délivré de plein droit » est à l’initiative des organisations suivantes :

>> Associations nationales :

  • Acort (Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie)
  • Act Up-Paris
  • AFVS (Association des familles victimes du saturnisme)
  • AMF (Association des Marocains en France)
  • Amoureux au ban public
  • Ardhis (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transsexuelles à l’immigration et au séjour)
  • Ašav (Association pour l’Accueil des Voyageurs)
  • Assfam (Association Service Social FAmilial Migrants)
  • Association Henri Pézerat Santé Travail Environnement
  • Association Intermèdes
  • ATF (Association des Tunisiens de France)
  • ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France)
  • Catred (Collectif des accidentés du travail, handicapés et retraités pour l’égalité des droits)
  • CCFD – Terre Solidaire
  • Centre Osiris
  • Centre Primo Levi
  • La Cimade (service œcuménique d’entraide)
  • Cnafal (Conseil national des associations familiales laïques)
  • Comede (Comité médical pour les exilés)
  • Comité pour le développement et le patrimoine (CDP)
  • Copaf (Collectif pour l’avenir des foyers)
  • Droits Devant !!
  • Emmaüs France
  • Enfants d’Afghanistan et d’ailleurs
  • Fasti (Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleur-euse-s Immigré-e-s)
  • Fédération Entraide Protestante
  • Fédération initiatives des Femmes Africaines de France et d’Europe
  • Femmes de la terre
  • Femmes plurielles
  • Fnars (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale)
  • Fondation Frantz Fanon
  • FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux rives)
  • Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s)
  • Immigration Développement Démocratie (IDD)
  • JRS France
  • Ligue des droits de l’Homme
  • MCTF (Mouvement Citoyen des Tunisiens en France)
  • Médecins du Monde (MdM)
  • Mouvement de la paix
  • Mrap
  • Rajfire
  • RCI (Réseau chrétien-Immigrés)
  • RESF (Réseau Éducation sans frontières)
  • REMCC (Réseau Euro-Maghrébin citoyenneté et culture)
  • Romeurope
  • Secours catholique

www.cartederesident.org.

 

La famille Lungolo a besoin de vous, participez à la souscription !

Dany et Dieu, demandeursd'asile

La famille Lungolo, demandeuse d’asile originaire de la République démocratique de Congo, a besoin de vous : partie du Congo où elle était menacée de mort, la famille est désormais réfugiée à Saiant-Brieuc, sans ressource. Le comité de soutien à la famille organise une soucription. Vous trouverez ici des informations sur ce que vit cette famille, et le témoignage vidéo poignant des deux garçons, Dany et Dieu.

Vous pouvez télécharger ici les coupons de participation.

SOUSCRIPTION POUR SOUTENIR LA FAMILLE LUNGOLO

Le comité de soutien à la famille Lungolo organise une souscription pour aider à subvenir aux besoins matériels de la famille.

Monsieur et Madame Lungolo et leurs deux enfants, Dieu 11 ans et Dany 10 ans, ont quitté le Nord-Kivu (RDC) en 2011, au plus fort des émeutes. Cerif, 40 ans, ancien agent du ministère de l’intérieur congolais, y a dénoncé des viols. Menacé de mort, il choisit de mettre sa famille à l’abri en lui faisant quitter le pays.

Les parents et les enfants gagnent la Belgique, l’ancienne puissance coloniale. La Belgique leur ayant refusé l’asile, ils fuient vers la France pour éviter le retour au Congo et donc la mort … Ils arrivent à Saint-Brieuc à l’été 2013.

Ils vivent dans la rue mais scolarisent leurs enfants. Dany suit des cours de dessin à l’école des Beaux-Arts et fait du foot avec son frère dans un club briochin. Deux assignations en référé à l’issue favorable contraignent la préfecture des Côtes d’Armor à loger la famille qui arrive dans un hôtel de Loudéac le 18 novembre 2013. Les enfants sont scolarisés sur place et ont d’excellents résultats. Mais le 15 janvier 2014 la famille doit partir pour un hôtel à Dinan, après avoir été accusée mensongèrement de « dégradations » dans l’hôtel de Loudéac. Le 17 janvier, des gendarmes signifient à M. et Mme Lungolo qu’ils sont assignés à résidence. Les enfants prennent le chemin d’une troisième école.

Mais le mercredi 22 janvier, à 5h30, 8 gendarmes arrivent à l’hôtel. La famille, affolée, est conduite à l’aéroport de Rennes Saint-Jacques, d’où un avion privé de location (coût du « voyage » : au moins 20.000€, aux frais du contribuable !) la conduit en Belgique, accompagnée de 6 policiers. Arrivée en Belgique elle passe sa première nuit dans un Samu social. Puis, prise en charge par des militants de RESF bruxellois, elle revient à Saint-Brieuc.

Depuis janvier la famille est à Saint-Brieuc, les enfants ont retrouvé leur école et un comité de soutien s’est créé.

Le comité de soutien composé d’associations (Ligue des droits de l’Homme, Cimade, RESF, ASTI, association des Parents d’élèves…) et de citoyens est très actif, a organisé diverses actions pour récolter de l’argent (vide-grenier, concert) mais cela n’est pas suffisant : il s’agit de permettre à une famille avec deux jeunes garçons, Dany et Dieu, de vivre dans des conditions décentes.

Il y a deux façons de les aider :

  • une aide ponctuelle, y compris de quelques euros.
  • une aide régulière, sous la forme d’un engagement à verser une somme, dont vous décidez du montant et de la durée.

Les fonds seront versés sur le compte de la section de Saint-Brieuc de la Ligue des Droits de l’Homme qui en assurera la gestion avec le comité de soutien.

Merci de votre engagement.

A Saint-Brieuc, le 25/05/2014

Le comité de soutien

Merci de compléter un des coupons et de le renvoyer avec votre engagement à cette adresse :

Jacques Boutbien

Trésorier de la ligue des droits de l’homme Section de saint-Brieuc

5 rue des Camélias

22950 Trégueux

Option 1 : le don ponctuel

Je soussigné(e) ………………………………………………. demeurant à …………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

verse la somme de ……………………………………… € en chèque.

Adresse mail :

N° de téléphone :

Signature :

——————————————————————————————————————————–

Option 2 : engagement sur la durée

Je soussigné(e) ………………………………………………. demeurant à …………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

m’engage à verser la somme de …………………………………. € , pendant ………………mois (entre 2 et 6 mois).

Pour votre paiement , merci d’envoyer tous vos chèques (un par mois d’engagement) en même temps, vous

préciserez alors au dos la date de l’encaissement.

Adresse mail :

N° de téléphone :

Signature :

Coupon à joindre au don ponctuel et à envoyer à :

Jacques Boutbien

Trésorier de la ligue des droits de l’homme

Section de Saint-Brieuc

5 rue des Camélias
22950 Trégueux

 

 

Fête des mères : attention aux roses !

Pollution du lac Naïvacha par les fermes de rose (http://www.desdemonadespair.net/2010/03/drought-agriculture-and-pollution-are.html)

Fête des mères… avec la Saint-Valentin, c’est sans doute la date à laquelle le commerce de fleurs est le plus actif. Le problème, c’est que ni février ni mai ne sont les meilleures dates pour récolter des roses, une des fleurs les plus vendues à ces deux occasions. Les horticulteurs industriels ont trouvé la parade : ils partent en Afrique, et notamment au Kenya. C’est ainsi qu’un ancien président du syndicat français des horticulteurs a créé, sur les rives du lac Naïvacha, une « ferme de rose ».

Le lac Naïvacha, à 1800m d’altitude, est infesté par ces fermes où les roses, profitant d’un climat particulièrement adapté, peuvent être produites toute l’année. Cultivées sous serres, elles partent de l’aéroport de Naïrobi pour la Hollande, avant d’être acheminées vers les grands marchés européens, dont évidemment Rungis. Un voyage dont la durée, qui n’excède pas plus de que quelques heures permet aux fleurs d’arrivée en « bon état ».

Ce n’est pas le cas des ouvrières (les femmes représentent l’immense majorité de la main d’œuvre) qui cultivent ces fleurs. Leurs salaires, scandaleusement bas (à peine quelques euros par semaine) permettent aux propiétaires de fermes, exclusivement européens (essentiellement des Hollandais) de réaliser des profits insensés. Leurs conditions de travail les exposent à des problèmes sanitaires majeurs : bien qu’ils prétendent le contraire, les propriétaires continuent d’utiliser des substances toxiques (engrais, pesticides…) et les conséquences sont catastrophiques pour la santé des ouvrières. Elles sont d’ailleurs doublement exposées : directement par leur travail bien entendu, mais aussi indirectement, par les conséquences de cette pollution sur l’eau du lac Naïvacha, qui a été pratiquement privatisé : ses rives sont devenues inaccessibles pour la population locale (occupées par les « ranches » et autres parcs animaliers). La faune subit directement les conséquences de cette population, et les rapports des organismes internationaux sont sans appel : l’avenir du lac et de sa faune sont directement menacés, et à cours terme.

Deux articles très intéressants traitent de ce problème : le premier est paru le 13 février 2011 dans Politis, le second, le 14 février de la même année, dans Le Monde (à l’occasion de la Saint-Valentin).

L’article d’Audrey Garric, dans Le Monde, explique : « L’usage massif de pesticides et autres engrais par les cultivateurs empoisonne par ailleurs son eau et par conséquent la faune, la flore ainsi que les habitants. « Si les choses continuent de la sorte, si aucune régulation n’est mise en place, dans moins de dix ans, le lac ne sera plus qu’un étang boueux malodorant, avec des communautés humaines appauvries vivant difficilement sur ses rives dénudées. Au fur et à mesure que sa surface et sa profondeur se réduiront, il se réchauffera, entraînant la prolifération de micro-algues. Ce n’est plus qu’une question de temps pour que ce lac devienne toxique », déplore le biologiste, qui mène depuis trente ans des études sur l’hydrologie de la région ».

Dans son article paru dans Politis, Claude-Marie Vadrot explique pour sa part que « D’après des écologistes locaux et des organisations non gouvermentales, le lac pourrait ne plus être qu’un cloaque boueux dans une quinzaine d’années. Il est pourtant théoriquement protégé depuis 1995 par la Convention internationale Ramsar qui veille sur les plus belles zones humides du monde. Mais cela ne préoccupe guère les autorités et les industriels de l’horticulture ».

Autre article, qui donne évidemment un tout autre point de vue : il est paru dans l’Epansion

Un anecdote, révélatrice. En octobre 2013, nous avons fait un voyage au Kenya avec un couple d’amis. Avant de partir, nous avions lu un ouvrage écrit par l’ancien président du syndicat français des horticulteurs (voir plus haut), dont le fils possède une de ces fermes, de 57ha, près du lac Naïvacha. Nous avons souhaité la visiter, en expliquant que nous avions lu ce livre. Nous nous apprêtions à démarrer la visite avec le chef de production (un scientifique indien spécialiste des roses). Au dernier moment, il a appris que nous étions tous les quatre membres de la Ligue française des droits de l’Homme. Visite instantanément annulée : « j’ai une réunion »… Commentaire de notre guide, un Kenyan : « Vous leur faites vraiment peur ! »

 

Le ridicule ne tue pas les fachos

Vu à Béziers...

Le ridicule est moins efficace que le virus Ebola : il ne tue pas. Heureusement pour M. Ménard, nouveau maire de Béziers, qui, soucieux du bien-être de ses administrés, leur interdit d’étendre le linge aux fenêtres des immeubles. Cela aurait de fâcheuses incidences économiques… N’y aurait-il pas un artiste, dans la région de Béziers, pour peindre en trompe-l’œil du linge étendu pour sécher sur les façades des immeubles bittérois ?

Le vieillard Le Pen utilise un autre registre. Il nous y avait habitués. Il compte sur le virus Ebola pour venir à bout de l’immigration qui met notre civilisation en péril : « Mgr Ebola peut régler ça en trois mois », a-t-il déclaré devant des journalistes à Marseille (lire ici), avant bien entendu de brailler comme il sait le faire que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire : « c’était une simple observation », prétend-il… La fille Le Pen va décidément avoir des difficultés à nous convaincre que son parti a changé, et qu’il n’est pas raciste…

Ces premières semaines d’entrée en fonction d’élus municipaux liés au front national sont riches d’enseignement. La perspective d’une victoire aux élections européennes les amène à libérer encore un peu plus leur langage, et à exposer leur véritable nature sans aucun complexe.

Au fait, M. Coppé, si fréquemment « profondément choqué », l’a-t-il été à cette occasion ?

 

Police des moeurs pour tou-te-s ?

Communiqué du collectif « Liberté égalité fraternité » initié par la Ligue des droits de l’Homme.

La haine poursuit son chemin. Il y a quelques jours, les dirigeants du Front national lisaient sur les lèvres d’une ministre pour s’autoriser à exiger, rien de moins, sa démission. Ecouter une cantatrice chanter la Marseillaise serait, semble-t-il, moins « français » que de la fredonner à l’unisson. Il y a quelques jours, Le Figaro a décidé de faire monter la pression en accréditant une rumeur et en faisant régner une atmosphère de scandale sexuel autour de la journée dite « Ce que soulève la jupe ».

De quoi s’agissait-il ? D’une journée de lutte contre le sexisme et les discriminations. Elle est née en 2006, et, depuis sa naissance, s’est toujours bien passée. Cette initiative appartient aux lycéennes et lycéens. Elle est à l’initiative des jeunes d’un Conseil académique à la vie lycéenne, puis validée par l’académie de Nantes.

Ce désir de s’opposer aux discriminations honore la jeunesse. Pourtant, la campagne engagée par Le Figaro a immédiatement été relayée par des associations ad hoc pour hurler au viol des consciences, dénoncer, sur le même mode que des intégristes religieux l’ont fait contre l’éducation sexuelle à l’école, la « théorie du genre », bref, sonner le tocsin des bonnes mœurs contre leur décadence.

Une fois de plus, c’est l’égalité qui est la cible de ces cris d’orfraie, une fois de plus ce sont ses partisans que l’on tente d’intimider, de culpabiliser et de réduire au silence.

Refuser l’engagement de ces jeunes contre les stéréotypes de genre et les discriminations (sexistes, homophobes), c’est en creux avouer sa préférence pour un ordre patriarcal qui entend cantonner chacun et chacune à une place déterminée, quelles que puissent être ses évolutions et ses aspirations, au nom de la différence biologique. C’est remettre en cause les droits (encore imparfaits) acquis après de longues années de lutte féministes. C’est exclure et nier même le droit d’exister à toutes celles et ceux qui ne sont pas conformes aux standards traditionnels de la féminité et de la masculinité.

Regroupées derrière l’appel « Pour un avenir solidaire » afin de faire échec aux atteintes aux droits démocratiques et valeurs républicaines, nous, associations de défense des droits, acteurs d’éducation populaire et organisations syndicales, apportons notre soutien plein et entier aux lycéennes et lycéens qui entendent aller au bout de leur démarche, démarche pleinement citoyenne.

Au-delà, nous alertons les citoyennes et citoyens contre les tentatives répétées de mouvements réactionnaires à multiplier les intimidations verbales et physiques pour s’imposer comme garante, ici, de la sécurité physique des usagers de transports publics, là, comme arbitre des bonnes mœurs.

Nous appelons toutes et tous à exprimer leur solidarité et à opposer leur refus à chacune de ces tentatives, en lien avec celles et ceux qui en sont la cible.

 

Le discours de F. de Pressensé à l’Assemblée nationale après la réhabilitation de Dreyfus

Le colloque organisé par les co-responsables du groupe de travail Mémoire, histoire, archives de la Ligue des droits de l’Homme, Emmanuel Naquet et Gilles Manceron, et consacré à deux figure de l’histoire du XXème siècle disparus il y a tout juste un siècle, Jean Jaurès et Francis de Pressensé, a permis de rappeler les liens d’amitié qui unissaient ces deux hommes, et leur souci commun de faire triompher la justice.

Ci-dessous, voici le discours prononcé par Francis de Pressensé à l’assemblée nationale au moment de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus, le 13 juillet 1906. Pressensé était alors député et président de la Ligue des droits de l’Homme (il l’a été de 1903 jusqu’à sa mort en 1914). On est loin des « petites phrases » qui émaillent la vie parlementaire aujourd’hui…

Rappel utile : les vidéos du colloque sont sur cette page.

Messieurs, vous comprendrez que c’est avec émotion que je monte à cette tribune à l’heure actuelle, d’une part pour célébrer avec vous le triomphe de la justice et la clôture judiciaire de cette grande crise, d’autre part pour prendre acte des réparations auxquelles le gouvernement nous a associés en ce qui concerne l’une des plus grandes iniquités qui aient été commises dans les temps modernes, et aussi pour demander au gouvernement s’il ne compte pas donner quelques satisfactions plus amples à la conscience nationale.

Mon émotion est d’autant plus naturelle que je ne peux pas me soustraire à un souvenir. Le jour où nous délibérons, il y a précisément, presque jour pour jour, huit ans que dans cette enceinte même nous assistions, grâce à une défaillance momentanée de l’esprit public, à un triomphe apparent du crime et à une défaite, qui semblait irrévocable, de la cause du droit, grâce à la production d’un faux.

Et aujourd’hui 13 juillet 1906, il y a huit ans jour pour jour que les portes des prisons de la République s’ouvraient devant le colonel Picquart, qui était coupable, lui, d’avoir vu la vérité, d’avoir voulu la dire, de n’avoir pas voulu se rendre complice du supplice d’un innocent, d’avoir découvert un faux et d’avoir voulu le dénoncer au gouvernement. (« Très bien ! Très bien ! »)

II y a quelquefois de ces rencontres, je dirai de ces revanches que la justice nous offre, et il y a vraiment une haute convenance morale que la cour suprême ait fait la lumière définitive, précisément le lendemain de l’anniversaire du jour où nous avions assisté à cette éclipse momentanée de la générosité et de la lucidité du peuple français, qui est en général si épris de droit et de lumière.

Il est aussi tout à fait convenable que nous nous occupions de ces choses à la veille de l’anniversaire du jour où nos pères ont pris la Bastille, non pas assurément pour renverser les pierres d’une forteresse, mais pour détruire un monument qui était pour eux le symbole de l’iniquité, de l’arbitraire et de l’oppression. (« Très bien ! Très bien ! »)

À l’heure actuelle, on peut dire que le drame judiciaire est clos, que le droit a été dit, que l’innocent a recouvré officiellement l’honneur que depuis huit ans il avait reconquis pour tous ceux qui avaient des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

L’artisan sans tache de cette grande oeuvre de justice vient de recevoir le tri¬but du respect, de la reconnaissance, de l’admiration méritée du peuple de France qui va trouver en lui désormais, avec un champion stoïque du droit, un officier de premier ordre qui pourra lui rendre des services incomparables sur d’autres terrains.

Aussi, messieurs, je m’associe avec joie à l’allégresse universelle en ce grand jour. Je salue avec joie l’oeuvre de la Cour de cassation ; je salue avec joie le courage avec lequel cette haute magistrature a su se mettre au-dessus de la tempête d’outrages et de calomnies qui s’était déchaînée sur elle ; elle ne s’est pas préoccupée de ce qui avait été fait ici dans une heure de défaillance ; elle ne s’est pas préoccupée de cette loi de dessaisissement qui ne laissera de souvenir et de trace dans notre histoire que pour flétrir ceux, qui en ont été les auteurs. Je suis heureux également de saluer ceux qui ont été les initiateurs de la seconde révision, monsieur Combes et le général André qui, avec leur loyauté et leur fermeté, ont travaillé efficacement à cette oeuvre de justice. (« Très bien ! Très bien ! » à l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche ».)

Je remercie le ministère actuel qui a bien voulu nous offrir ce que j’appellerai «un commencement de réparation », toutes les réparations matérielles qui étaient possibles pour ce qu’avaient souffert d’une part l’innocent, par un supplice sans nom, d’autre part, par une iniquité sans égale, le colonel Picquart…

Malgré cela, messieurs, j’estimerais manquer au premier de mes devoirs, si je me déclarais satisfait à l’heure actuelle, et si je ne posais pas au gouvernement, dès maintenant, les questions qui, j’en suis sûr, sont déjà posées au fond de la conscience de la plupart d’entre vous, et qui monteraient spontanément à vos lèvres si je ne les posais pas moi-même à cette tribune.

Et quand je parle ici, messieurs, j’ai bien le droit de dire que je ne parle pas seulement en mon nom personnel, moi qui me fais honneur, et qui me ferai honneur jusqu’à la fin de ma vie d’avoir pris la place que j’ai prise et d’avoir joué le rôle que j’ai assumé dans ce grand combat. Non ! Je ne parle pas seulement en mon nom personnel ; je sens autour de moi se presser toute la foule de ces grands citoyens qui ont pris parti, eux, dans cette bataille, qui n’ont pas calculé quels en étaient les risques et les dangers, qui ne se sont pas demandé de quel côté étaient les chances -et au début, certes, nous n’avions pas la force, nous étions une poignée d’hommes qui luttions contre une opinion presque unanime. Ils se sont jetés dans la bataille, ce sont eux qui ont contribué le plus efficacement au triomphe du droit. Grâce au sort cruel, ils sont tombés sur le chemin ; ils n’ont pas eu la joie et la consolation de voir le triomphe que nous saluons aujourd’hui et dont ils ont été les bons ouvriers.

C’est leur voix que je voudrais vous faire entendre à la place de la mienne. Je voudrais que ces hommes fussent à la tribune à l’heure actuelle. Ils vous diraient avec éclat, avec force, ce qu’il est indispensable de faire à côté des réparations déjà accordées. Permettez-moi de les rappeler rapidement à votre souvenir.

Ces hommes, c’était tout d’abord Bernard Lazare qui s’était jeté dans la mêlée avec toute l’ardeur de son tem¬pérament chevaleresque et avec sa rai¬son critique formée aux bonnes méthodes scientifiques, nourri du suc des bonnes lettres. (« Très bien ! Très bien! » à l’extrême gauche.) Il eut le courage, il eut l’héroïsme de secouer la consigne et le joug du silence universel, d’attaquer un préjugé unanime.

Avec lui, il y eut Scheurer-Kestner, ce noble enfant de l’Alsace. (Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche.)

À côté de lui était ce grand savant qui s’appelait Grimaux. (Nouveaux applaudissements.) Avec la naïveté, avec la candeur d’un vrai savant, il s’était imaginé qu’il suffisait que la vérité fût démontrée pour qu’elle triomphât ; et il a succombé infiniment moins aux blessures, pourtant bien cruelles, qui furent infligées à ses intérêts et à son coeur, qu’à l’espèce de désespérance qui s’était saisie de lui quand il avait vu la défaillance de la France et quand il avait vu le pays de la Révolution infidèle à ses traditions, à son génie, à sa générosité.

C’était Trarieux, qui nous a montré ce que le culte du droit peut donner d’intuition du juste, et combien la fidélité obstinée et simple à un grand devoir hausse le caractère d’un homme, élargit son esprit et ennoblit sa destinée. (Applaudissements.)

Enfin, il y avait surtout, par-dessus tous, Zola, le grand Zola (Vifs applaudissements à l’extrême gauche et à gauche), Zola, que son amour passionné de la vérité dans tous les ordres avait préparé, prédestiné pour être le serviteur dévoué d’une grande cause. Il n’hésita pas, à la voix de sa conscience, à quitter le calme des lettres sereines, pacifiques, des lettres glorieuses et à se jeter en pleine mêlée. Il n’a pas calculé, quand il a sonné en quelque sorte dans son « J’accuse le boute-selle de cette croisade pour s’y tenir jusqu’au bout au premier rang et pour y porter et y recevoir les coups les plus cruels. (Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche.)

Eh bien ! Ce sont ces hommes que vous devriez entendre à ma place. Ce sont eux qui vous diraient aujourd’hui : « Ah certes ! Nous saluons avec joie la réparation que vous nous offrez pour celui qui, innocent, a souffert si cruellement et si stoïquement à l’île du Diable ; nous saluons la réparation que vous offrez à Picquart, au témoin sans peur et sans reproche de la vérité et de la justice (Nouveaux applaudissements) ; mais cela ne suffit pas, et cela ne peut pas suffire parce qu’il n’y a pas eu seulement ces victimes-là – si dignes d’intérêt qu’elles soient – il y a eu une autre victime, une victime plus grande encore que tous ceux-là : ce fut la France elle-même, la France que l’on a essayé d’égarer, la France que l’on a essayé d’arracher à ses traditions, la France que l’on a essayé de tourner contre son propre génie, la France dont on a essayé de faire un instrument du bas antisémitisme et des crimes du nationalisme.(Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche.)

Messieurs, c’est la France elle-même qui vous dira qu’elle vous demande au nom, je le dirai de la morale publique, autre chose que ce que vous nous offrez. Oh ! Je sais très bien quelle est l’objection qu’on va me présenter tout d’abord ! On va me dire que l’amnistie nous empêche d’exercer des répressions et de faire appel aux justes lois.

Je le sais bien, messieurs, cette amnistie qui aurait singulièrement besoin d’être amnistiée elle-même (Applaudissements sur les mêmes bancs), cette amnistie qui a soulevé dès le début des protestations d’hommes qui n’étaient assurément pas des hommes de vengeance et de représailles, nous interdit à l’heure actuelle de traîner sur le banc des accusés, à la cour d’assises, afin de recevoir la sentence qu’il a méritée, celui qui a accumulé – pour couvrir le crime initial de 1894 – les crimes sur les crimes, celui qui a amoncelé les faux sur les faux, les faux témoignages sur les faux témoignages, les collusions sur les collusions, les forfaitures sur les forfai¬tures. Oh ! Je le sais, nous ne pouvons pas aujourd’hui donner à la France, à cette démocratie, la grande leçon dont elle a besoin, une leçon d’égalité devant la loi. Nous devrions pouvoir lui démon¬trer que, dans ce pays de France, la peine est égale pour les grands et pour les petits criminels ; nous aurions besoin de lui montrer par un fait éclatant que, dans ce pays de France, la justice ne réserve pas toutes ses sévérités implaca¬bles, toutes ses rigueurs impitoyables pour les petits délinquants, pour ceux dont la position même, dont la misère fait l’excuse et la circonstance atténuante, alors qu’elle réserve ses indulgences, ses faveurs, ses complicités pour les grands délinquants, dont la position privilégiée accroît singulièrement la responsabilité et centuple la criminalité. (Applaudissements à l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche).

[…]

Je vous ai dit, messieurs, ce que j’avais à dire sur cette grande affaire ; je viens de vous exprimer ma pensée tout entière. Je vous ai dit avec quelle joie j’ai salué l’aube du jour de la justice. Nous y avons travaillé avec énergie et nous avons le droit d’être fiers de l’oeuvre que nous avons faite tous ensemble. Nous n’étions guère plus d’une poignée d’hommes au début, mais nous avons eu foi dans la puissance intrinsèque de la vérité, foi dans la raison et la conscience de la France ; nous nous sommes dit que quand on s’adresse à la raison et à la conscience de la France, on n’est jamais vaincu (« Très bien ! Très bien ! » à gauche) ; nous avons mis au hasard nos libertés, nos intérêts, notre repos, nos vies parfois ; nous avons remporté la victoire ; cette victoire nous voudrions qu’elle fût complète et qu’elle ne fût pas vaine. (Exclamations à droite.)

Oh oui ! Qu’elle ne fût pas vaine pour tant de grandes causes ; que l’arrêt de la Cour de cassation, pris dans toute sa réalité, fût respecté partout, dès le premier jour, et qu’on sentît d’emblée qu’on ne saurait impunément s’y attaquer.

C’est pour cela que je vous demande, encore une fois, messieurs les ministres, si vous consentirez à laisser à l’heure actuelle dans l’année un certain nombre d’hommes à qui votre débile clémence n’aurait fait que préparer à l’aide des armes que vous auriez laissées entre leurs mains, contre nos libertés et nos droits, la revanche de leur personne et de leur cause. Cela, vous ne pouvez pas le vouloir ; cela, la France ne veut pas en entendre parler ; il n’est pas possible que le terme final de cette grande affaire soit un suprême défi jeté à la raison et à la conscience de la France. Or, ce serait bien un défi à la raison et à la conscience de la France, ce serait bien un outrage à la justice que de laisser à une petite bande de malfaiteurs (Exclamations à droite. Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche), oui, de laisser à une petite bande de malfaiteurs le privilège du commandement et la faveur des décorations.

Les vidéos du colloque sur Francis de Pressensé et Jean Jaurès

Francis de Pressensé

Samedi 10 mai, un colloque a réuni au siège de la Ligue des droits de l’Homme des historiens autour de Francis de Pressensé (qui était alors président de la Ligue des droits de l’Homme), décédé en 1914, et de son ami Jean Jaurès, assassiné quelques mois plus tard. Ce colloque était organisé dans le cadre de la commémoration du centième anniversaire de la déclaration de guerre, et de la disparition de ces deux hommes, conjointement par le groupe de travail Mémoire, histoire, archives, de la LDH, et ses deux co-délégués, Emmanuel Naquet et Gilles Manceron, la Société d’études jaurésiennes (représentée par Marion Fontaine),  et la Société d’histoire du protestantisme français (représentée par André Encrève).

Chacun des historiens participant au colloque a développé un aspect de la personnalité et de l’action de ces deux hommes qui ont lutté ensemble depuis l’affaire Dreyfus. Des interventions passionnantes, qui éclairent un période mouvementée de l’histoire de France.

Présentation par les partenaires et programme par Gilles Manceron et Emmanuel Naquet, avec Jen-Pierre Dubois, Marion Fontaine et André Ecrève

httpv://youtu.be/xYwaREmkgkE

Jaurès, Pressensé et l’affaire Dreyfus, par Vincent Duclert

httpv://youtu.be/Fxe59P18tXE
Jaurès, Pressensé et la séparation des Eglises et de l’Etat par Jean Baubérot

httpv://youtu.be/HOJMuwRNMDc

Le tournant social de la LDH avec Pressensé  par Emmanuel Naquet

httpv://youtu.be/yzLU5AfGvxk

Pressensé, Jaurès et la paix par Rémi Fabre

httpv://youtu.be/RgJ6vRPsUpw

Les enjeux du centenaire de l’assassinat de Jaurès par Gilles Manceron

httpv://youtu.be/_4WMd-3qZdA

Conclusions, par Pierre Tartakowsky

httpv://youtu.be/rR21DykBVSM