Communiqué LDH / FIDH
Au Mexique la violence perpétrée par les groupes criminels et les cartels de la drogue, de fait protégés et soutenus par des secteurs entiers des forces de police, ne cesse de miner une vie politique que le gouvernement en place ne veut pas changer. La Ligue des droits de l’Homme tient à faire part publiquement de son indignation suscitée par l’enlèvement, puis l’assassinat de quarante-trois élèves de l’école normale rurale de Ayotzinapa, dans l’Etat du Guerrero.
Les « valeurs communes » invoquées par le Président Hollande, lors de sa visite d’Etat en avril dernier, devraient conduire le gouvernement français à interpeller son homologue mexicain sur ces événements tragiques, sur sa volonté proclamée de faire justice, sur les dispositions qu’il entend prendre pour rétablir un Etat de droit respectueux des droits de l’Homme.
La Ligue des droits de l’Homme et la FIDH demandent instamment au gouvernement français d’intervenir fortement auprès de son homologue mexicain sur la nécessité et l’urgence d’établir un système indépendant d’administration de la justice. Les organisations demandent aussi que soit soigneusement pesé l’accord de coopération en matière de police entre la France et le Mexique, visant à la création d’une gendarmerie nationale pour « contrôler [le] territoire dans le cadre de l’Etat de droit ».
En septembre 2014, la FIDH avec ses organisations partenaires au Mexique ont présenté au Bureau de la procureur de la Cour pénale internationale (CPI) une communication sur la commission présumée des crimes contre l’humanité au « Baja California » entre 2006 et 2012. Celle-ci a été précédée d’une première communication envoyée aussi en 2012 à la CPI, où il est décrit les abus et l’état d’impunité de ces crimes.
Le LDH et la FIDH demandent enfin au gouvernement français d’intervenir auprès de l’Union européenne, pour que, lors des négociations prévues en vue du renouvellement de l’accord global entre l’Union européenne et le Mexique, l’Union européenne veille tout particulièrement à ce que le gouvernement mexicain s’engage véritablement sur la pleine mise en œuvre des droits de l’Homme et sur des garanties d’intégrité et de sécurité pour tous les Mexicains.
Les organisations se sont adressées au ministre des Affaires étrangères et aux groupes parlementaires d’amitié avec le Mexique, pour que leurs actes et pressions permettent de mettre fin à l’horreur que subit une population prise en tenaille entre des criminels sans pitié et un gouvernement sans loi.
Paris, le 18 novembre 2014