Communiqué de la LDH et de ERRC
Les évacuations forcées ont continué durant toute l’année 2014. Les personnes touchées sont pour la plupart des citoyens de l’Union européenne qui ont fait usage de leur droit de circuler librement dans l’UE, en provenance de pays comme la Roumanie et la Bulgarie. Selon les données récoltées par le European Roma Rights Centre (ERRC) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) au cours de l’année 2014, 13 483 personnes ont été expulsées par les autorités de 138 lieux de vie différents. En d’autres termes, les autorités françaises ont expulsé près de 3 lieux de vie par semaine. Cette politique illégale et coûteuse viole le droit international et le droit de l’Union européenne réglementant les évacuations forcées.
Selon les données recueillies dans les médias et auprès des associations, un total de 13 483 personnes roms ou désignées comme telles ont été contraintes de quitter leur lieu de vie en 2014. De plus, 966 personnes se sont retrouvées en situation de sans-abri après 17 incendies ou inondations.
Par rapport à 2013, les chiffres de 2014 sont moins élevés, mais représentent encore près de 80 % de la population totale vivant dans des bidonvilles. En d’autres termes, quatre personnes vivant dans un bidonville sur 5 ont été expulsées en 2014. Cette proportion est inacceptable. En outre, l’analyse régionale des chiffres démontre un traitement inégal des bidonvilles sur le territoire: certaines régions expulsent massivement les personnes vivant dans des bidonvilles tandis que d’autres offrent un climat plus apaisé. Ceci suggère un véritable harcèlement perpétré par les autorités dans certaines régions et une inégalité de traitement à travers le pays.
La politique d’expulsion, que les autorités françaises ont vivement mise en œuvre depuis plusieurs années, n’apporte aucune solution juste et durable aux personnes, roms ou non roms, vivant dans des bidonvilles. Au contraire, les expulsions continuent à réduire à néant la scolarisation, le travail social, les soins médicaux, et la recherche d’emploi des habitants des bidonvilles ; la politique d’expulsion entrave tous les efforts d’intégration, elle accroît la vulnérabilité des Roms et les marginalise toujours plus.
L’ERRC et la LDH espèrent que les autorités françaises modifieront leur politique d’expulsion inutile et déshumanisante en 2015, et concentreront leur énergie et leurs ressources vers des politiques d’intégration globales. Nos organisations appellent le gouvernement français en premier lieu à cesser toutes les expulsions, puis à fournir des solutions alternatives de relogement sérieuses et durables.
Ce communiqué de presse est également disponible en anglais.
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Budapest, Paris, le 3 février 2015