Madame la ministre,
Nous avons l’honneur de nous adresser à vous, par la présente, afin de vous informer et de solliciter votre réaction à la suite d’évènements graves qui se déroulent en Tunisie.
Vous n’êtes pas sans savoir que la région du Bassin minier de Gafsa, dans le sud de la Tunisie, connaît depuis le début de l’année un mouvement social d’une rare ampleur. Il s’agit d’une région socialement sinistrée dont la population souffre d’un chômage endémique, de grande pauvreté et des effets dévastateurs de la corruption et du népotisme. Face aux manifestations pacifiques quotidiennes mobilisant toutes les catégories de la population, les autorités tunisiennes ont préféré la politique du pire, celle de la répression tous azimuts et de la terreur : tirs à balles réelles ayant causé la mort d’un jeune et blessé 26 autres personnes, siège policier et militaire de la région, simulacres de procès; le tout doublé d’un black out total sur les événements dans les moyens d’information officiels.
A l’heure qu’il est, des dizaines de syndicalistes, de jeunes, de citoyens croupissent dans les prisons de la région et ailleurs, condamnés à de lourdes peines ou en attentes d’être jugés.
Malgré tous ses efforts pour isoler la population du bassin minier, le pouvoir tunisien n’a pas pu empêcher l’élan de solidarité avec la population du Bassin minier dans tous le pays ainsi que dans les milieux de l’émigration tunisienne.
Parmi les manifestations de solidarité, celles des immigrés tunisiens résidant dans la ville de Nantes et alentours, ont été parmi les plus impressionnantes de constance et de maturité. Il s’agit en effet, en majorité d’immigrés originaires de la ville minière de Redeyef, située au cœur du bassin phosphatier. Mobilisés pour soutenir pacifiquement leurs proches dans la détresse, les Tunisiens de Nantes ont eu recours aux droits que leurs permettaient les lois de
Pourtant, M. Ess’ghaier Belkhiri, 29 ans, originaire de Redeyef et résident à Nantes, a été arrêté le vendredi 01 aout 2008 à son arrivée au port de
Est-il besoin de rappeler la situation déplorable des droits de l’Homme en Tunisie et la paralysie quasi-totale des activités de
Vous êtes, sans doute moins au courant des contrôles, tracasseries et intimidations de toutes sortes de la part des officines du pouvoir tunisien subis par les citoyens tunisiens résidant en France comme l’illustre le cas de M. Ess’ghaier Belkhiri et d’autres des compatriotes résidant dans la région nantaise qui ont fait l’objet de menaces à leur retour en Tunisie. Les précédents ne manquent pas comme celui de M. Kamel Jendoubi, président du REMDH et ancien président de
En nous adressant à vous qui êtes en charge des droits de l’Hommes au pays éponyme, nous sommes convaincus que la situation de ces droits en Tunisie ne vous laisse pas indifférente.
Nous attendons de vous, Madame la ministre, une intervention ferme pour la libération du jeune Ess’ghaier Belkhiri et la levée des accusations qui pèsent sur lui.
Certes, Madame la ministre, nous avons été échaudés, et pour tout dire déçus par les déclarations du Président de
Veuillez agréer, Madame la ministre, l’expression de notre haute considération.
Jean-Pierre Dubois Président de la Ligue Française des Droits de l’Homme LDH | | Fouzia Maqsoud Présidente de l’Association des Travailleurs Maghrébins en France ATMF |
Mouhieddine Cherbib Président de | | Kamel Jendoubi Président du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie CRLDHT |