Tribune collective signée par plusieurs responsables d’associations dont Malik Salemkour, président de la LDH
La campagne présidentielle est l’occasion de fixer de nouvelles règles de gouvernance du numérique. Internet doit demeurer divers, porteur de communs, avec des espaces marchands et non marchands. Chacun est appelé à y devenir acteur et responsable.
Le numérique est plus qu’un outil ou une économie, il est une prise sur le monde. Il est moteur et levier de très nombreuses et profondes transformations de notre société, qu’il s’agisse des droits, de la culture, de l’éducation, de la démocratie…
Les transformations complexes qu’il induit, et auxquelles il participe créent des opportunités fortes, mais aussi des angoisses, des vulnérabilités. L’horizon positif d’ouverture et de recomposition démocratique qu’il portait s’est progressivement embrumé avec les anxiétés des nombreux laissés pour compte ou menacés par ces transformations.
Donner de la place aux acteurs de la société civile
Les dimensions anxiogènes et sécuritaires dominent souvent désormais les décisions collectives qui régulent le numérique. Les débats se polarisent, en oubliant le rôle et la place des acteurs de la société civile, dans leur diversité. On ne peut qu’observer l’effritement de nos libertés individuelles et collectives et les doutes de la société dans la capacité de gouvernance de ces technologies.
Trop souvent, la régulation numérique se fait sans la société, ou sur des débats éloignés des pratiques. Trop souvent, elle crée l’exclusion des pratiques, plutôt que leur accompagnement.
Nous, acteurs de cette société civile, ne pouvons pas nous en satisfaire.
Ces prochains mois, à l’occasion de la campagne présidentielle, seront débattues les lignes directrices qui guideront un quinquennat critique pour ces questions. Nous pensons que les solutions à ces sujets complexes peuvent être trouvées avec la société civile. Elle est active, riche d’intelligence et de variété de points de vue.
Les acteurs de la société civile prennent chaque jour des initiatives proches de la réalité des pratiques, dans le respect de la complexité de notre rapport aux technologies, pour en libérer le potentiel et en réduire les conséquences nocives. Des associations s’attachent chaque jour à ce que le numérique se construise par et pour tous.
Nous, signataires de cet appel, partageons toutes et tous un même constat : nous devons inventer collectivement de nouveaux modes de gouvernance du numérique qui garantiront le respect des droits et des libertés. Il y a urgence à ce que nous puissions débattre ensemble des enjeux démocratiques induits par cette transformation accélérée. C’est la condition de l’unité de notre société.
Nous défendons un internet libre et ouvert, où chacun est appelé à devenir acteur et responsable. À l’instar de la société, Internet est et doit demeurer divers, avec des espaces marchands et non marchands, porteur de communs. Cette diversité doit être entendue dans les débats et intégrée à la gouvernance du numérique.
Pour que cette gouvernance du numérique se construise au bénéfice de toutes et tous, nous croyons qu’il faut la faire avec la société, dans la diversité des acteurs qui la forment. Si nous souhaitons redonner au numérique son ambition démocratique sur les choix cruciaux que notre société doit faire, construisons le numérique avec tous.