Tribune collective signée par des députés et des collectifs d’associations comme le Collectif des associations unies (CAU) dont la LDH est membre
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Alors que, selon les chiffres, une hausse de 120 % du nombre d’enfants dormant à la rue a été enregistrée depuis 2020, un collectif d’associations et deux députés tirent la sonnette d’alarme. Ils rappellent l’urgence d’agir, notamment de la part de l’Etat.
Face à l’urgence des enfants à la rue et mal logés, nous, parlementaires et associations, appelons d’une seule voix le gouvernement à prendre des mesures d’ampleur pour mettre fin à cette situation insoutenable et contraire aux droits de l’enfant.
Chaque nuit, en France, plus de 2 000 enfants dorment dans la rue. Parmi eux, des enfants de moins de 3 ans, des nourrissons tout juste sortis de la maternité, qui passent leurs premiers jours de vie dans la rue. Ce chiffre, issu du dernier baromètre de l’Unicef France et de la Fédération des acteurs de la solidarité, révèle une réalité inacceptable et indigne d’un pays comme le nôtre.
Etat absent
Derrière ce chiffre, ce sont des droits bafoués, des enfances sacrifiées. Où est l’Etat ? Les 120 millions d’euros promis par le gouvernement en janvier 2024, correspondant à la création de 10 000 places d’hébergement supplémentaires et au renforcement de la politique du logement d’abord, n’ont jamais vu le jour. Pire, l’Etat revient sur cette promesse en maintenant les 203 000 places actuelles, insuffisantes pour répondre aux besoins grandissants.
Chaque jour, des travailleurs sociaux et des bénévoles, avec un courage inépuisable, se battent pour sauver ce qui peut l’être, mais ils sont épuisés, à bout de force. Ils ont pourtant prévenu, encore et encore. Ils ont crié l’urgence, mais rien n’a bougé, ou si peu. La réalité est même plus dégradée que ce que montrent les chiffres car de nombreuses familles ne contactent plus le 115, conscientes qu’aucune réponse ne viendra.
Accentuer urgemment les efforts
Ces données ne permettent pas non plus de recenser les nombreux mineurs non accompagnés sans abri. Ces familles sans solution continuent de vivre dans la rue, dans des squats ou des bidonvilles. Des enfants sont condamnés à dormir dans des conditions indignes, privés de leur droit fondamental au logement, à la protection et à des conditions de vie dignes qui favorisent leur bien-être et leur développement.
Dépassant les clivages politiques, ce combat fait l’objet d’une proposition de résolution déposée à l’Assemblée nationale et à travers laquelle la représentation nationale exhorte le gouvernement à accentuer urgemment les efforts pour mettre fin au sans-abrisme des enfants. Ce texte, signé par des députés de tous bords, de la gauche à la droite, témoigne que la lutte contre le sans-abrisme des enfants concerne tout le monde, il doit être adopté.
Proposer des solutions durables
Cette résolution demande la création immédiate de nouvelles places d’hébergement d’urgence, ainsi qu’une transformation qualitative du parc. C’est le sens des amendements qui seront déposés dans le cadre de l’examen du prochain budget. Les solutions temporaires, telles que les hôtels, ne conviennent pas à la vie familiale, et pourtant, plus de 28 000 enfants y vivent encore aujourd’hui. Ce n’est pas acceptable. La réponse ne peut pas être de court terme.
Nous exigeons une loi de programmation pluriannuelle pour le logement et l’hébergement, avec des objectifs clairs et ambitieux. Il faut produire davantage de logements sociaux adaptés aux familles, garantir un accompagnement global, éviter les ruptures de prise en charge, et renforcer les financements des structures d’accueil. A Lyon, à Paris, à Tours, et dans de trop nombreuses villes de France, des écoles se transforment la nuit en refuge pour les familles sans domicile.
Cette situation est insoutenable, la solidarité locale ne suffit plus. L’Etat doit agir, et il doit le faire maintenant. Parce qu’un toit, c’est un droit. Il est impératif de le respecter. Il en va de la dignité de notre société.
Signataires : Nathalie Latour et Manuel Domergue, porte-parole du Collectif des associations unies (CAU) dont la LDH est membre ; Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité ; Abdelkrim Mesbahi, président national de la Fédération des Conseils de parents d’élèves (FCPE) ; Raphaël Vulliez, représentant de Jamais sans toit ; Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France ; Marie-Charlotte Garin, députée écologiste du Rhône ; Lionel Causse, député Renaissance des Landes