Communiqué commun
La FIDH, la LDH, l’OGDH, l’ISG et la CSI interpellent Chirac et Merkel
A l’occasion du 24ème Sommet France-Afrique qui s’ouvre aujourd’hui à Cannes, la FIDH, ses organisations membres en France et en Guinée – la LDH et l’OGDH -, l’ISG, et la CSI, demandent au président français, Jacques Chirac, et à la chancelière allemande, présidente en exercice de l’Union européenne (UE) et du G8, Angela Merkel, de proposer une déclaration sur la situation en Guinée appelant à la levée immédiate de l’état de siège, au règlement pacifique de la crise, à la protection des populations civiles et à la mise en place d’une commission internationale d’enquête.
Les forces de l’ordre ont tué au moins huit personnes en Guinée après l’instauration lundi de l’état de siège par le président Lansana Conté, ce qui porte au moins à 120 le nombre de personnes tuées depuis le lancement de la première grève générale à la mi-janvier.
Nos organisations rappellent l’illégitimité et l’illégalité de la décision d’instaurer l’état de siège face à une situation que les forces armées guinéennes ont elles-mêmes contribué à créer en réprimant dans le sang les premières contestations pacifiques. L’article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques spécifie notamment qu’aucune mesure exceptionnelle ne peut déroger au droit à la vie consacré par ce pacte et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples tous deux ratifiés par la Guinée.
A cet égard, nos organisations demandent aux organisations régionales, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), l’Union africaine et l’UE dans le cadre de l’Accord de Cotonou, et aux organisations internationales telles l’Organisation internationale de la francophonie et l’Organisation des Nations unies, d’agir dans les plus brefs délais, dans le cadre de leurs compétences respectives et de manière concertée, en faveur du règlement pacifique de la crise et de la protection de la population civile, et particulièrement des leaders syndicaux et des défenseurs des droits de l’Homme. Dans ce cadre, nos organisations demandent enfin à l’UE d’examiner la possibilité de geler les avoirs en Europe du président Lansana Conté, de ses proches collaborateurs et des responsables des graves violations des droits de l’Homme perpétrées depuis le 10 janvier 2007 ; ainsi que de supprimer la possibilité pour ces personnes d’obtenir des visas dans l’espace Schengen.
La FIDH, la LDH, l’OGDH, l’ISG et la CSI demandent une nouvelle fois l’envoi d’une mission d’enquête internationale indépendante afin de faire la lumière sur l’ampleur de la répression, d’identifier les auteurs de ces crimes et d’établir leurs responsabilités aux fins de poursuites judiciaires.
Paris, Conakry, le 15 février 2007