Communiqué de la LDH
La condamnation à mort de sept infirmières bulgares et d’un médecin palestinien par un tribunal libyen illustre clairement la nature d’un régime négateur de tous les droits de l’Homme.
Accusés absurdement d’avoir donné la mort à ceux à qui ils sont venus porter secours, privés de liberté depuis plus de sept ans et soumis à des traitements inhumains et dégradants au sens des normes internationales, ces malheureux sont à présent menacés d’assassinat légal afin de dédouaner le pouvoir libyen des conditions sanitaires effroyables dans lesquelles des centaines d’enfants sont morts ou vont mourir du SIDA. La manne pétrolière devrait permettre aux Libyens de bénéficier d’un niveau d’hygiène et de soins médicaux qui aurait sans nul doute évité la propagation de l’épidémie. Mais l’indifférence du régime envers le respect des droits s’étend aussi bien à la santé de ceux qu’il opprime qu’à la justice équitable ou à la liberté dont il les prive depuis des décennies.
La peine de mort, compagne de l’oppression et de l’arbitraire sur toute la planète, vient couronner cet édifice despotique. Elle ne serait plus donnée dans le cas présent par une bombe dissimulée à bord d’un avion de ligne, mais par un bourreau exécutant une sentence inique. La barbarie, qui ne le sent, n’en serait pas amoindrie.
Les Etats européens, qui ont fait du régime libyen un partenaire jugé fréquentable pour construire la forteresse anti-étrangers de notre continent, allant jusqu’à former des policiers libyens à cet effet, vont-ils laisser commettre un crime aussi révoltant en détournant les yeux ? Croiront-ils, une fois encore, acheter de belles paroles une passivité qui porterait le nom de complicité d’assassinat ? De la réponse à ces questions dépend pour une large part le jugement que portera l’histoire sur ce qu’est aujourd’hui l’Union européenne.
Paris, le 19 décembre 2006.