Agir en citoyens
Ce n’est pas le tout d’affirmer la solidarité entre les droits et de proclamer que notre raison d’être, c’est de les rendre tous effectifs, de répéter depuis plus d’un siècle que nous nous engageons à porter aide et assistance à toute personne dont la liberté serait menacée ou dont le droit serait violé, encore faut-il que nous sachions mettre en pratique concrètement dans notre action militante cette garantie des droits de l’homme qu’est l’action militante. L’avons-nous assez dit que la Ligue des droits de l’homme était généraliste, que c’est sa volonté d’agir sur l’ensemble du front des droits et des libertés et de la citoyenneté sociale qui faisait sa spécificité.
Parfois, engagés dans les actions quotidiennes, nous oublions où nous étions hier et ne prévoyons guère où nous serons demain. Nous savons bien qu’à tous les niveaux, dans les sections, les régions ou les commissions, d’autres militants agissent dans le même sens, et cela nous encourage, mais nous ignorons souvent la réalité de leur action. Bien sûr, il y a tous les mois LDH Info, les communiqués du siège, les débats du Comité central, les comptes-rendus mensuels de la vie de l’association. Au fil du temps qui passe, nous essayons de lire ce qu’a été notre action. Tous les ans, le secrétaire général rédige un rapport d’activité et le président son rapport moral. Ils essaient de mettre en perspective ce qui a été fait, de voir en quoi nous avons été fidèles à nos engagements dans la vie sans cesse changeante de la cité, de montrer les problèmes que nous avons rencontrés et de dégager des perspectives, mais nous sentions le besoin du rapport plus exhaustif que nous présentons aujourd’hui.
Mais dès lors que nous voulions rendre compte de l’ensemble de notre activité durant une année, nous savions à la fois qu’il s’agissait d’une tâche énorme et que, de toute façon, elle ne pourrait être parfaite. Cela donne un résultat de près de cent pages, que nous devons au travail considérable du secrétariat général et du service communication. Un document impressionnant et passionnant. Une agglomération d’actions, de prises de position, de réflexions, dont nous avons tenté d’organiser la présentation pour redonner un sens à ce qui pouvait apparaître comme un fatras. Il est évident qu’il s’agit là d’une première expérience pleine d’imperfections, d’insuffisances, que chacun va s’empresser de relever avec ce sens de la critique, certes en général affectueuse, mais fort heureusement toujours vigilante, qui est le propre des sections de la LDH. Mais il faut bien savoir que cette expérience crée d’un coup un usage et qu’il y a là, pour les années qui viennent, une nouvelle obligation pour le siège de la Ligue.
Sans doute la nouvelle organisation de l’association, l’importance accrue de l’échelon régional, permettront-elles de plus décentraliser les prochains rapports annuels, de dire mieux encore ce qui est sur tout le territoire de la République l’action des militants. Mais ce premier rapport annuel, qui veut permettre d’embrasser d’un regard toute l’action de l’année passée, doit être un instrument pour l’action présente et celle de demain.
Henri LECLERC, président de la Ligue des droits de l’Homme