Le gouvernement français refuse de recevoir les personnes expulsées du Kosovo au prétexte que ce serait là cautionner la politique d’épuration ethnique menée par le gouvernement serbe et que cela hypothéquerait leur retour chez elles. La réalité est autre, elle est celle d’une urgence humanitaire et politique. Alors que l’expulsion des Kosovars se poursuit quotidiennement, la France ne saurait se soustraire à ses obligations. Celles-ci impliquent, d’une part, qu’elle assure une aide humanitaire sur place mais aussi qu’elle accueille sur son territoire ces personnes qui pourraient toutes prétendre au statut de réfugié prévu par la convention de Genève. La présence de centaines de milliers de personnes parquées dans des camps à la frontière de la province du Kosovo ne constitue nullement la garantie de leur rapatriement pas plus que leur accueil en France et dans d’autres pays d’Europe n’entérinerait leur expulsion. En revanche, assurer à toute force leur présence sur place risque de conduire à une déstabilisation accrue de la région. La France doit respecter ses obligations internationales et recevoir ces personnes à l’égard de qui nous avons plus qu’un devoir moral. Paris, le 6 avril 1999