La Ligue des droits de l’homme prend acte de la décision de la Chambre d’Accusation de Montpellier d’ordonner la mise en liberté de Monsieur Ely Ould Dah. Cependant, elle s’étonne que le gouvernement français ait cru devoir faire intervenir dans cette affaire sa vision des « intérêts diplomatiques » de la France en adressant au Procureur général une note sur la situation en Mauritanie et sur les rapports de ce pays avec la France, que le Parquet a fait figurer au dossier. Par ailleurs, il faut constater que, pour être mis en liberté, Monsieur Ely Ould Dah a bénéficié d’une domiciliation au sein d’un établissement de l’armée française. Enfin, la Ligue des droits de l’homme constate que si la Chambre d’accusation a cru devoir imposer, il y a quelques semaines, des cautions financières conséquentes à plusieurs militants syndicalistes paysans alors qu’aucune partie civile n’était constituée, elle n’a pas jugé bon d’en faire de même à l’égard d’un individu poursuivi du chef d’actes de tortures et à l’encontre duquel les victimes demandent réparation. Ceci montre qu’il n’a pas été pris encore, tant au niveau des autorités politiques que judiciaires, la pleine mesure de ce qu’exige la lutte contre l’impunité : une Justice dégagée des impératifs d’une raison d’État dont on sait qu’elle n’a jamais conduit qu’à cautionner le pire. Paris, le 29 septembre 1999