La destruction volontaire d’un bien commise en bande organisée par des militaires de la gendarmerie serait un fait d’une particulière gravité. La Ligue des droits de l’homme n’a cessé de réclamer le rétablissement en Corse de l’État de droit. Mais on ne rétablit pas le droit en le violant. Voilà qu’après les dérives de la justice antiterroriste récemment dénoncées par un rapport de la Fédération Internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), les forces de police se seraient laissées aller jusqu’à commettre des agissements criminels. L’incendie du restaurant de la plage d’Acqua Doria par des représentants des forces de l’ordre – si leur responsabilité venait à être confirmée – met tout autant en cause les fondements de l’État de droit que l’assassinat du préfet Erignac. Il est temps que la vérité soit faite non seulement sur les faits eux-mêmes et les conditions dans lesquelles ils ont pu être ordonnés et organisés mais aussi sur l’ensemble des missions et des agissements du Groupe de pelotons de sécurité (GPS) depuis un an. Toutes les responsabilités doivent être mises à jour, quel que soit le niveau de l’État où elles se situent, qu’il s’agisse d’ordres illégaux ou de défauts de vigilance. Ce n’est qu’à ce prix qu’on pourra efficacement lutter contre le terrorisme et rétablir l’État de droit. Paris, le 27 avril 1999