EDITO
La France condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme parce que, dans un commissariat de police, des policiers se sont livrés à des actes de torture sur un trafiquant de stupéfiants et qu’il fallut près de huit ans pour que la justice française inflige des peines – avec sursis – à ceux qui avaient commis ces actes « d’une gravité hors du commun ». Un sondage d’opinion d’où il résulterait que les Français sont moins xénophobes et que, pour la première fois, ils seraient majoritairement hostiles au rétablissement de la peine de mort. Une bataille bancaire à laquelle peu de citoyens ont compris quelque chose sinon qu’à l’ère de la mondialisation, les capitaux étrangers jouent un rôle politique essentiel dans la maîtrise des instruments financiers d’une nation. Des petits agriculteurs au désespoir face aux conséquences du jeu du marché et des règles du commerce international. Et toujours des milliers de sans-papiers qui continuent, dans l’indifférence de l’opinion, trois ans après le coup de hache dans la porte de l’église Saint Bernard, à se battre pour la reconnaissance de leur dignité et de leurs droits.
Tout cela nous concerne et la rentrée va être active pour les militants dans la poursuite de leur combat quotidien. Au premier plan de ce combat doit s’organiser la lutte contre les discriminations décidée par notre congrès, mais aussi, à l’orée du 21e siècle, la réflexion collective sur la construction du « mouvement civique de demain » que nous appelions de nos vœux dans le Manifeste du centenaire. Ce débat doit être exemplaire. Il est indispensable que tous les militants, toutes les sections s’y engagent avec détermination. A plusieurs reprises, le Comité central en a débattu. Il a dressé un inventaire des questions qui lui semblaient importantes mais, bien entendu, cette liste n’est pas close. Il a tenté de tracer un cadre pour le débat mais celui-ci reste ouvert. Il faut que tous les militants puissent s’exprimer librement dans leurs sections, lors des conventions régionales prévues, que les propositions circulent, remontent au siège pour que, dans les délais statutaires, le Comité central puisse, tout en les diffusant largement, présenter le projet de réforme des statuts et de motion d’orientation qui seront soumis au congrès de l’an 2000. Celui-ci se tiendra à Paris, vraisemblablement à l’Assemblée nationale, au mois de juin. Il ne faut pas que cette réflexion reste fermée sur nous-mêmes. La Ligue des droits de l’homme n’appartient pas qu’à ses militants, même s’ils possèdent seuls le pouvoir de faire les choix nécessaires. Nos amis, ceux qui agissent avec nous, ceux qui réfléchissent à l’avenir des droits de l’homme, doivent accompagner notre débat à tous les niveaux. Nous avons du pain sur la planche.