Le gouvernement a décidé, dans une précipitation qui devient coutumière, d’insérer dans le projet de loi hétéroclite dit « pour l’égalité des chances » la création d’un « contrat première embauche ».
De même que le mot « social », dans « plan social », signifie « licenciements », « embauche », dans « première embauche », signifie « précarité » : dans la logique gouvernementale, seuls des salariés « jetables » sont embauchables. Ce qui était naguère présenté comme spécifique de la situation des PME s’étendrait donc à tous les jeunes arrivant sur le marché du travail : on en revient à l’emploi journalier. Bienvenue dans un monde où pendant deux ans (et même davantage car rien n’interdit la succession de CPE) il faudrait s’habituer à quitter son travail le soir sans savoir si on le retrouvera le lendemain matin…
L’arbitraire placé dans les mains des employeurs pour mettre fin à ces contrats de travail empêcherait toute possibilité de recours ou contestation auprès des instances prud’homales pour les salariés ainsi licenciés sans motif avec le risque de les voir détournées en secours vers des actions civiles ou pénales.
Attachée à la défense de tous les droits, la LDH est investie, avec un grand nombre d’associations et de syndicats, dans l’animation d’un collectif contre ce projet de loi qui œuvre moins « pour l’égalité des chances » que « pour l’inégalité des droits ». Elle appelle d’ores et déjà à faire de la manifestation unitaire organisée le 7 février par les organisations syndicales de salariés, d’étudiants et de lycéens un temps de mobilisation assez puissante pour faire échec à un projet porteur de régression sociale.
Paris, le 1er février 2006