La lutte du peuple polonais contre un régime d’oppression a trouvé en France, dans les années 1980, un soutien unique par son ampleur en Europe. Des centaines de syndicalistes et de militants associatifs ont pris des risques personnels pour apporter un soutien concret et efficace à Solidarnosc. Ils n’ont pas oublié les réalités de la résistance en Pologne d’alors.
En exigeant aujourd’hui de centaines de milliers de personnes, dix-sept ans après la chute du régime totalitaire, la signature de « déclarations de non collaboration » avec la police politique de ce régime, et en privant de droits civils et politiques tous ceux qui refusent de répondre, les gouvernants polonais instituent une relation inacceptable entre les citoyens et l’Etat.
Les exemples de l’Allemagne d’après le nazisme et de l’Afrique du Sud d’après l’apartheid montrent à quel point la construction d’une mémoire collective de l’histoire nationale est un enjeu essentiel pour la construction d’une démocratie solide et durable reposant sur les valeurs des droits de l’Homme. Le pouvoir polonais n’a rien retenu de ces leçons : il compromet gravement le vivre ensemble sans servir la cause de la vérité et de la justice.
Ce pouvoir, qui s’est appuyé sur les pires réflexes populistes et qui tolère la recrudescence de l’antisémitisme, en vient à présent à priver de leurs droits civiques Bronislaw Geremek et Tadeusz Mazowiecki, figures emblématiques de la lutte pour la liberté, sans lesquels aucune démocratisation n’aurait pu advenir.
Si une décision aussi méprisable devait être mise à exécution,
Paris, le 2 mai 2007.