Le ministère de l’Éducation nationale vient d’ouvrir au concours du CAPES 37 postes réservés d’enseignement religieux.
Si un enseignement d’histoire des religions est souhaitable, on doit s’interroger sur la signification de l’ouverture de postes d’enseignement religieux.
Le statut scolaire encore en vigueur en Alsace et Moselle est la raison de l’ouverture de ces postes. Celui-ci impose un enseignement religieux au sein de l’école publique.
Ce système ne respecte pas la liberté de conscience et génère des abus.
On a vu récemment qu’une famille avait été menacée de perdre ses allocations familiales parce qu’elle ne souhaitait pas que ses enfants suivent un enseignement religieux.
En fait, le système d’allocation de postes et de crédits étant fondé sur le nombre d’élèves suivant un enseignement religieux, il s’ensuit une volonté de maintenir un certain nombre d’élèves parfois contre leur volonté et sans que l’on ait la certitude que le nombre d’élèves inscrits soit une réalité.
Les personnels chargés de cet enseignement sont dans une zone de non-droit, soumis à la volonté des Églises et marqués par la précarité de leurs emplois.
Si la situation de ces personnels mérite attention et doit trouver une solution, car ils sont en réalité les victimes de la longue démission des ministères successifs, créer un CAPES de religion réservé à ces personnels n’est certainement pas la bonne solution.
Cette mesure constitue une véritable atteinte à la laïcité du système scolaire. Jamais négociée clairement avec les partenaires et les instances consultatives, elle ouvre la voie à un concours national d’enseignants affectés dans la France entière à un enseignement sur le modèle alsacien-mosellan.
Le gouvernement doit retirer du CAPES ces postes, et le caractère facultatif de cet enseignement doit être la règle et non, comme aujourd’hui, l’exception.
Mais plus largement, c’est tout le système scolaire applicable en Alsace Moselle qui doit être modifié. La réflexion sur ce changement doit être précédée d’une mission d’inspection de l’Éducation nationale sur la situation réelle des personnels chargés de l’enseignement religieux, leur rémunération, leur mode de gestion et sur l’usage des crédits de l’État en ce domaine.
Paris, le 20 mars 2000