58 personnes sont mortes parce qu’elles voulaient échapper à leur sort, parce qu’elles espéraient trouver en Europe ce qu’elles ne trouvaient pas ailleurs. Les mots ne seront jamais assez forts pour dire le caractère insoutenable de cet événement.
15 chefs d’État ont dit leur horreur devant cet événement : ils en ont conclu qu’il valait mieux réprimer les organisateurs de tels trafics.
Sans aucun doute, sanctionner sans faiblesse ceux qui exploitent ainsi la misère humaine est un impératif.
Mais ce désir de combattre le trafic de main-d’œuvre suffira-t-il à empêcher les immigrants de mourir entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe ou de devenir des esclaves modernes ici ?
A l’évidence, la question restera entière tant que l’Europe n’adoptera pas une politique d’immigration cohérente et qui ne se résume pas à dresser des frontières infranchissables et qui seront toujours franchies au risque d’y perdre la vie.
La seule réponse policière mène à une impasse sauf à transformer nos sociétés en vaste réseau de surveillance et à multiplier les drames comme celui qui vient de se dérouler.
La LDH appelle l’Europe, et d’abord le gouvernement français, à changer d’attitude : entre une ouverture totale des frontières et la construction de murs, il y a place pour une autre politique plus respectueuse des Hommes mais aussi plus lucide et donc plus efficace.
Paris, le 20 juin 2000