De nombreux avocats, sur l’ensemble du territoire, se sont mis en grève, soutenus par leurs ordres professionnels, leurs syndicats et de nombreux magistrats.
Leur principale revendication consiste en une augmentation du budget de l’aide juridictionnelle et des sommes qui leur sont attribuées à ce titre. Il faut, en effet, rappeler que pour nombre de justiciables aux faibles revenus, c’est une condition essentielle pour accéder à la justice.
Ce mouvement met ainsi en évidence le coût de la justice dans une démocratie. Au sein du monde judiciaire, travaillent ensemble membres du service public et membres du secteur privé. Ces derniers, au-delà de toute préoccupation de rentabilité, supportent des charges fixes incompressibles liées aux exigences de la loi et au fonctionnement de leur cabinet. Or les sommes allouées par l’Etat au titre de l’aide juridictionnelle ne couvrent pas les frais engagés par les avocats pour défendre ceux qui en sont les bénéficiaires. Pour les dossiers de ces derniers, les avocats financent donc en partie le fonctionnement de la justice.
Il ne peut y avoir de véritable démocratie si les droits inscrits dans les lois ne sont pas effectifs. Pour ce faire, l’accès au droit et aux tribunaux de l’ensemble des citoyens et plus particulièrement des plus défavorisés doit être une priorité. Aujourd’hui, ni la rémunération de ceux qui sont chargés d’assurer la défense de ces personnes ni même les conditions d’attribution de l’aide juridictionnelle ne le permettent.
La France est, parmi toutes les démocraties de même type, un des pays qui consacre les sommes les plus faibles au budget de l’aide juridictionnelle.
La LDH demande une augmentation substantielle du budget de l’aide juridictionnelle, un relèvement des sommes allouées aux auxiliaires de justice, et une refonte des conditions d’attribution de l’aide juridictionnelle. Il y va du bon fonctionnement de la justice et de la démocratie.
Paris, le 16 novembre 2000