Ces mots vous parviendront alors que le siècle sera réellement fini et que l’année 2001 sera entamée. Bonne année à tous, et merci à tous ceux qui se sont manifestés ! Ce n’est pas un simple souhait de politesse : nous ne sommes pas des êtres désincarnés, ayant embrassé le militantisme et la défense des droits de l’Homme de manière sacrificielle. Nous sommes des hommes et des femmes faits de chair, de sang, d’émotions, de peine et de joie. Comme tout le monde. « Un homme fait de tous les hommes, qui les vaut tous et que vaut n’importe qui » disait Sartre à la fin des Mots. Que cette année nous apporte à tous la réalisation de nos espoirs. Et qu’elle apporte à la LDH encore plus de force et d’efficacité. 2001 verra notre déménagement. Nous avons signé la promesse de cession du siège après quelques péripéties dues à la complexité du statut des locaux. Nous ne changeons pas de lieu sans vague à l’âme mais nous ne pouvons faire autrement si nous voulons que notre activité puisse encore s’amplifier. Nous devons trouver des locaux de nature à accompagner le développement de la LDH. Car, ne nous y trompons pas, l’entrée dans ce troisième millénaire porte en elle bien des exigences : ici ou ailleurs, les défis se multiplient. Si ce siècle a vu la fin de régimes qui avaient instauré le déni des droits comme règle, et il faut s’en réjouir, beaucoup reste à faire. Reconstruire une communauté internationale dotée d’un mode de décision qui cesse d’être assujetti aux USA introduire dans le processus de mondialisation le respect des droits de l’Homme et le soumettre à un contrôle démocratique, plus près de nous, construire une Europe où la citoyenneté ne soit pas confisquée par les Etats. Voici quelques perspectives qui dépassent sans aucun doute une échéance annuelle… Ici, le lancinant et incongru problème des sans-papiers reste à régler ; les discriminations de toute sorte pèsent sur des millions d’individus et un numéro vert ne suffira pas à les faire reculer, même s’il y contribue. Nos institutions elles-mêmes ont besoin d’être repensées bien au-delà de la durée du mandat présidentiel. Et tant d’autres choses encore qui appellent quotidiennement notre vigilance et forcent notre réflexion. Nous savons que nous n’en aurons jamais terminé. Parce qu’il y aura tout simplement toujours un homme, une femme, un enfant dont les droits sont violés et qui aura besoin de notre aide. Et c’est justement parce que nous nous reconnaissons dans cette humanité nécessairement et heureusement imparfaite que nous avons décidé de la défendre, y compris, parfois, contre sa propre folie.