Madame la Ministre, La Ligue des droits de l’Homme souhaite attirer votre attention sur la situation de Jean-Marc Rouillan, Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon et Georges Cipriani, membres d’Action directe, incarcérés depuis 1987. Jean-Marc Rouillan et Joëlle Aubron sont actuellement en grève de la faim, respectivement depuis le 14 décembre 2000 et le 8 janvier 2001, afin notamment de dénoncer la situation médicale de Nathalie Ménigon et Georges Cipriani. Il doit être souligné qu’aujourd’hui l’état de santé de Jean-Marc Rouillan – qui a dû être transféré à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes – est préoccupant. Selon les informations portées à notre connaissance, il apparaît en effet que Nathalie Ménigon – victime de deux accidents cérébro-vasculaires – souffre d’une paralysie du côté gauche. Elle a demandé à pouvoir passer un IRM et un doppler, mais n’a pas reçu de suite favorable à sa demande. Concernant Georges Cipriani, il est atteint d’importants troubles psychiatriques et a fait l’objet de plusieurs internements, y compris avant son procès. Au regard des éléments médicaux existant, il est particulièrement étonnant que l’intéressé n’ait pas été pris en charge par une structure adaptée, son état de santé n’étant plus compatible avec la détention. Nous vous demandons que, le plus rapidement possible, des mesures soient prises afin que Nathalie Ménigon reçoive les soins afférents à sa situation médicale, et que Georges Cipriani puisse être admis dans un établissement spécialisé. Mais au-delà de ces deux situations, ce sont plus généralement les conditions de détention qui sont faites aux intéressés, l’existence des quartiers d’isolement, les difficultés de délivrance des permis de visite et de rapprochement familial qui doivent être posées. Ainsi, sur ce dernier point, Jean-Marc Rouillan demande-t-il, sans réponse favorable à ce jour, a être réaffecté dans un établissement pénitentiaire du sud de la France, lui permettant d’être plus proche de sa mère et de ses enfants. Il nous semble urgent de répondre favorablement à cette demande qui, je crois devoir le rappeler, s’inscrit dans le respect des dispositions actuellement en vigueur. De plus, rien ne justifie que, plus de 13 ans après leur incarcération, ces personnes continuent à être soumises à un traitement exceptionnel au nom d’un risque qui n’a plus de réalité. Nous vous remercions des suites qui pourront être réservées au présent courrier, et souhaiterions pouvoir vous rencontrer à ce propos.