La semaine dernière, le premier groupe de l’électroménager en France, le troisième en Europe, Moulinex-Brandt a été mis en redressement judiciaire. Il s’agit du plus important dépôt de bilan de ces vingt dernières années. En dehors du soutien qui doit être exprimé aux victimes de cette situation sans équivalent, il convient de s’interroger sur les causes de ce drame humain et économique et sur le traitement qui en est fait. La situation du groupe Moulinex-Brandt, fusionné l’année passée dans des conditions que la direction a refusé d’élucider, est le résultat d’une course effrénée au profit, au mépris de la pérennité du tissu économique et de l’emploi. Il faudra s’interroger sur la responsabilité des dirigeants successifs, des banques, de l’actionnaire principal et enfin sur le rôle des pouvoirs publics quasiment taisants et soumis au diktat des financiers. Aujourd’hui encore, la manière inadmissible dont le bilan a été déposé en quelques heures, la fixation de la date limite de dépôt des offres quelques jours après l’ouverture de la procédure, la mise à l’écart systématique des représentants des salariés, le tout imposé par les banques, amènent à poser la question de l’exercice de la citoyenneté dans l’entreprise. Le risque est grand d’aboutir à des solutions sans validité économique dictées par les seuls impératifs financiers, les salariés étant réduits à l’état de marchandise sans que leurs représentants aient été associés, ne serait-ce que pour information aux prises de décision. La LDH ne saurait accepter que les droits sociaux pourtant inscrits dans la Constitution depuis 1946 soient ainsi bafoués et qu’au XXIe siècle l’exercice d’une citoyenneté, sans cesse proclamée, s’arrête au seuil de l’entreprise.