2002 – RAPPORT ANNUEL – International – Algérie

Appel du Collectif permanent de solidarité avec le peuple algérien[1]

à l’occasion de la première audience du procès

1er juillet

La première semaine de juillet 2002, se tient à Paris le procès intenté en diffamation par le général en retraite Khaled Nezzar à Habib Souaïdia, écrivain, auteur de la sale guerre.

 

Qui est Khaled Nezzar ?

Pendant les émeutes d’octobre 1988, qui ont fait plus de 500 morts, il est nommé chef d’état-major de l’armée. Promu général-major le 5 juillet 1990, il devient ministre de la Défense (1990-1993) et membre du Haut comité d’État (1992-1993). C’est lui qui assume la responsabilité directe du coup d’État de janvier 1992 : il installe l’état policier d’exception encore en vigueur à ce jour ; il crée dans le Sud algérien des camps où 12 000 personnes (selon les chiffres mêmes fournis par les autorités) seront déportées et, durant des années, humiliées, torturées, voire assassinées. Il est l’un des principaux responsables de la torture généralisée et des milliers de disparitions forcées.

La répression en Kabylie illustre cette terreur d’état qui n’a pas cessé depuis 1992 et participe d’un système arrogant et corrompu incarné par l’ex-général Nezzar, en toute impunité.

Ainsi, en avril 2001, il vient présenter ses « mémoires » au centre culturel algérien de Paris… qu’il doit quitter précipitamment, dans un avion spécial envoyé d’Alger, pour éviter d’être confronté au juge français qui avait estimé recevables les plaintes pour torture déposées le jour même contre lui par trois de ses victimes algériennes.

Et maintenant, il pousse l’outrecuidance jusqu’à traduire devant les tribunaux Habib Souaïdia.

Pourquoi Habib Souaïdia ?

En fait, les poursuites de Khaled Nezzar contre Habib Souaïdia ne portent pas sur le contenu de la sale guerre, pourtant qualifiée par lui de « tissu de mensonge », mais sur les déclarations de son auteur à la chaîne de télévision française TV5.

L’ex-général reproche notamment à Habib Souaïdia d’avoir déclaré : « Cela fait dix années qu’il n’y a pas de président [en Algérie], plus même. Il y avait des généraux, ce sont eux les politiciens, c’est eux les décideurs, c’est eux qui ont fait cette guerre. C’est eux qui ont tué des milliers de gens pour rien du tout. C’est eux qui ont décidé d’arrêter le processus électoral, c’est eux les vrais responsables. […] Je ne peux pas pardonner au général Massu et au général Aussaresses les crimes qu’ils ont commis, comme je ne peux pas pardonner au général Nezzar, ex-ministre de la Défense. Il faut qu’on juge les coupables. […] Ce sont les ex-déserteurs de l’armée française qui ont mené le pays vers l’anarchie, vers la faillite ».

Que faire ?

Nous mobiliser autour d’Habib Souaïdia,

pour que la lumière soit faite sur le pouvoir algérien, corrompu et gangrené, qui est, de fait, le pouvoir de l’armée, et sur les violations des droits de l’Homme en Algérie ;

pour que justice soit rendue aux victimes et que s’ouvrent les procès de leurs bourreaux, dont l’ex-général Nezzar.

C’est pourquoi, nous vous appelons à contribuer financièrement aux frais du procès qui, malgré les honoraires réduits demandés par les avocats, sont de l’ordre de 4500 à 6000 euros (frais de voyage des témoins, frais judiciaires, frais de documentation, etc).

Nous vous appelons à venir nombreux à la première audience du procès, lundi 1er juillet 2002 à 13 heures au Palais de justice de Paris (accès par l’entrée de la Sainte Chapelle), 17e chambre.

 



[1] Cf. la présentation du Collectif permanent de solidarité avec le peuple algérien – page 36.

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