En l’espace de quelques semaines quatre affaires ont attiré l’attention de la LDH : dans le XXème à Paris, à Poissy et aux Mureaux. Une autre s’est soldée par la mort d’un jeune lors d’un barrage de police. Dans les trois premiers cas, on retrouve l’enchaînement habituel : la présence d’un groupe de jeune, l’intervention de la police, les mots, les gestes, les arrestations, les poursuites. A la différence d’autres situations, les voisins sont intervenus et se sont mobilisés : pas des « sauvageons », des adultes, insérés, « normaux » en quelque sorte comme aurait dit Coluche. S’en sont-ils pris aux jeunes? Non, c’est à l’intervention des forces de l’ordre qu’ils s’en prennent, à ce qu’ils estiment être une violence arbitraire. Ou encore à la Justice qui a jugé bon, à l’inverse du bon sens et de la présomption d’innocence, de laisser trois des personnes poursuivies en détention durant les fêtes alors qu’elles avaient un travail et une absence d’antécédents. Et voici que ces gens ne s’en tiennent pas là, qu’ils se réunissent, dénoncent et, en appellent à la LDH. Nous avons décidé, avec les militants des sections concernées dont la présence quotidienne, y compris pour éviter des incidents, est à saluer, de constituer une commission d’enquête et de saisir la Commission de déontologie de la police. Nous verrons les résultats des travaux de cette commission. Mais, d’ores et déjà, que peut-on dire ? D’abord se féliciter de ce réflexe citoyen qui laisse à penser, qu’à tout le moins, les torts ne sont pas d’un seul côté. Ensuite s’interroger, qu’est ce qui fait que de tels incidents se produisent et se répètent, de plus en plus nombreux ? Les réponses sont probablement multiples, elles tiennent sans aucun doute à la situation de ces quartiers, à l’absence de formation des policiers (la majorité des policiers qui interviennent dans ces quartiers viennent de sortir des écoles de police). Mais aussi à la volonté politique qui se traduit par des pouvoirs accrus reconnus aux forces de l’ordre (dispersion des réunions dans les cages d’escalier) et surtout par l’attitude du ministère de l’Intérieur ou des syndicats de police à chaque fois qu’un incident se produit. On en est revenu au temps où les fonctionnaires de police sont supposés infaillibles et où le ministre de l’Intérieur entend bien n’être que leur porte-parole. Au point de poursuivre un dessin caricaturant un policier et de considérer qu’affirmer que les contrôles « au faciès » s’accroissent est diffamatoire. Si la réalité dérange, cachons la réalité : le refrain est ancien. Je ne suis pas entrain de dire qu’il n’existe pas des problèmes sérieux ou que toutes les forces de police agissent de la même manière. Pas même que la répression est inutile. Je suis simplement amener à rappeler que si l’on veut donner l’exemple, il faut que ce soit le bon et cela du haut au bas des rouages de l’État. Toute injustice est productrice de révolte, ruine les efforts faits pour rétablir le dialogue et tenter de reconstituer un minimum de cohésion sociale. Ce n’est pas le chemin qui est pris : et si les auteurs d’actes de délinquance ne sont pas au-dessus des lois, il faut rappeler que « les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n’a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens »« . Nul, pas même les forces de l’ordre ou le ministre de l’Intérieur, ne sont au-dessus des lois.