Quelle rentrée !…
Les sans papiers, l’Irak, défendre la liberté de création, l’extradition d’un réfugié et la menace d’extradition de réfugiés italiens à propos desquels on croyait que la France n’avait qu’une seule parole, la Palestine encore et toujours, la répression du mouvement social, les projets gouvernementaux à venir concernant tant l’immigration que le droit d’asile. J’en ai certainement oublié, notamment dans le registre de l’ordre moral qui est en train de redresser la tête au travers des prises de position des uns ou des autres sur la prostitution ou le choix d’éliminer d’instances consultatives des associations peu conventionnelles, au profit d’autres plus conformes à une certaine vision de la famille et de la société.
Voici le panel sur lequel nous avons été amenés à intervenir au cours de cette rentrée et je paris que cela n’ira qu’en s’amplifiant. A cela s’ajoute que nous devons prendre le temps de réfléchir et d’élaborer d’autres solutions que celles que l’on nous propose. L’Université d’automne des 23 et 24 novembre sur la démocratie en est un exemple. Le propre de notre organisation est de se saisir d’une multiplicité de sujets, tant il est vrai que les droits ne se divisent pas. On me dira que je n’ai donc pas à être surpris. Voire. Car l’accumulation de nos interventions dans des domaines aussi divers est aussi le symptôme d’une société qui va mal, dont les repères s’estompent et qui ne voit se dessiner aucun avenir. Le peu de consistance du discours politique, les jeux de pouvoirs où l’on voit certaines organisations tenter de reconstruire leur popularité sur le dos des mouvements sociaux laissent des millions de gens disponibles, surtout s’ils sont en situation de précarité, pour adhérer aux propositions les plus détestables. Aux associations et aux syndicats de réagir, d’insuffler de la vie citoyenne, de convaincre, par nos pratiques quotidiennes, qu’autre chose est possible. Mais nous ne suffirons pas à combler le vide d’espoir qui ronge nombre d’entre nous. C’est un projet politique qu’il faut construire. Si ce pays, l’Europe elle-même, manque de quelque chose, c’est d’abord et avant tout de projets politiques et de débats citoyens.
La LDH a accepté de participer à tous les débats auxquels elle a été invitée, du Parti socialiste à la LCR toujours avec la même volonté : participer à la construction d’un projet, y apporter notre contribution, nous y sommes prêts. En revanche, que l’on ne compte pas sur la LDH pour s’inscrire dans des démarches qui tentent de reconstruire ou de créer telle ou telle organisation. Cela n’est pas de notre ressort et nous avons suffisamment à faire là où nous sommes.
P.S. Au moment où je finis cet éditorial, j’apprends la mise en liberté de Maurice Papon. Comment ne pas être pris de rage en face d’un homme qui, une fois de plus, échappe à ses responsabilités ? Si la justice n’avait pas mis 17 ans à le juger nous n’en serions pas là ! Pour le reste, les magistrats ont fait application d’une nouvelle disposition légale qui peut s’appliquer à de nombreux condamnés; espérons simplement qu’encore une fois Maurice Papon ne sera pas une exception et un mauvais exemple.