« Droits-de-l’hommistes », ont-ils dit.
En nous qualifiant ainsi, les auteurs de ce barbarisme nous montrent deux choses. La première, c’est qu’ils perdent leur sang-froid et que nos accusations ont donc touché juste. La seconde, c’est qu’ils se font du débat démocratique une bien curieuse idée. Nous n’en avons pas la même.
La LDH ne s’intéresse qu’au projet et non à l’Homme qui est derrière, ce dernier étant destiné, comme tous les ministres, à passer, tandis que la LDH poursuivra son activité.
Nicolas Sarkozy, puisqu’il faut bien le citer, nous a concocté un projet dont les principaux éléments consistent à transformer les habitants de ce pays en suspects et à laisser croire que les mesures prises vont résoudre la question de l’insécurité. Comme si mettre en prison un mendiant ou une prostituée allait empêcher une voiture de brûler !
Nous sommes là en plein dans les effets d’annonce, totalement dépourvus d’efficacité si ce n’est qu’ils auront des conséquences néfastes à deux titres. Le premier, c’est que ce seront les « gens d’en bas » qui en seront les victimes comme si la précarité sociale dans laquelle ils vivent ne suffisait pas. Le second, c’est qu’à l’inverse du discours tenu, cela ne fera que renforcer l’extrême droite : d’abord parce que c’est un peu copier les projets de celle-ci, mais aussi parce que lorsque les citoyens se rendront compte qu’on leur a menti, certains d’entre eux prêteront une oreille encore plus attentive au discours de Jean-Marie Le Pen.
C’est la raison pour laquelle nous avons lancé, avec le SAF et le SM, une large initiative contre ce projet et que d’autres nous ont rejoints. Certaines voix s’élèvent pour dire que notre démarche est une erreur qui a déjà entraîné la défaite d’un candidat à l’élection présidentielle. Libre à eux de copier Nicolas Sarkozy, mais qu’ils ne comptent pas sur la LDH pour entrer dans de telles visées électoralistes dont on sait, de plus, qu’elle n’ont jamais assuré la victoire.
Il est vrai d’ailleurs que l’on va bientôt finir par considérer que les fronts politiques se renversent. En 15 jours, le gouvernement a renoncé à « l’immigration zéro », a annoncé la mise en place de contrats d’intégration pour les primo-arrivants et a décidé de la création d’une haute autorité contre toutes les discriminations (revendication que la LDH portait depuis des années). Le ministre de l’Intérieur, quant à lui, a rouvert le débat sur la double peine, et il avait déjà entrouvert la porte aux sans papiers. Certes, nous attendons de voir quelle sera la traduction concrète de ces annonces, comme nous sommes inquiets des projets en matière de droit d’asile et totalement insatisfaits du nouveau refus opposé au droit de vote des étrangers non communautaires. Il n’empêche, cela fait quelques temps que nous n’avions constaté un tel renouveau du débat sur les étrangers. Nous en prenons acte. Le gouvernement aurait-il été touché, lui aussi, par le syndrome des droits de l’Homme ou, plus vraisemblablement, a-t-il pris acte de l’impossibilité d’agir autrement, y compris parce que les entreprises appellent à une nouvelle immigration ?
En tout cas, ce qui nous guidera, c’est bien l’exigence que les libertés soient respectées, que la lutte contre la pauvreté ne se transforme pas en une lutte contre les pauvres et que les étrangers bénéficient de l’égalité des droits.