La LDH est aujourd’hui, comme de nombreuses associations, interpellée par les partis politiques de gauche. Participer à des débats, donner notre avis sur bien des choses : voici qu’est revenu le temps de la concertation et de l’échange. On peut ironiser, bien sûr, sur ce soudain réveil d’une considération qui avait disparu. On peut – et on doit – ne pas oublier les erreurs passées et les divergences qui existaient et qui existent toujours. Rien ne peut justifier, en revanche, que nous ne répondions pas à ces interpellations. Les partis politiques participent de la démocratie et quelles que soient les critiques que l’on peut leur faire, la vie démocratique a tout à perdre à leur affaiblissement. Qu’ils aient à fonctionner autrement, nous en sommes convaincus. Qu’ils aient à renouveler un corps de pensée trop souvent sclérosé par le souci de rester au pouvoir, c’est évident. Mais, c’est en nourrissant leurs débats, en les interpellant à notre tour que les choses avanceront et non en les tenant en lisière comme des produits périmés ou malodorants. La LDH a toujours reconnu la légitimité de l’action politique et n’a jamais confondu son rôle avec celui des partis. On peut tirer une légitime fierté de l’action que nous menons, avec le SAF et le SM et d’autres, à propos de la loi de Nicolas Sarkozy. Que nous soyons en première ligne atteste, en même temps, d’une forme de faiblesse de l’opposition politique qui n’a rien de rassurant. C’est pourquoi nous continuerons à participer à tous les débats qui nous sont proposés, à nourrir les réflexions des uns et des autres et à mobiliser nos militants pour mieux expliquer les dangers de la politique du gouvernement actuel. Mais nous ne saurions nous substituer aux partis politiques qui ont en charge de construire un programme de pouvoir ce qui, par évidence, n’est pas de notre ressort. L’action que nous menons ne saurait dispenser de donner une transcription politique aux propositions qui sont issues de l’ensemble du mouvement social. Faire de la politique est donc plus que jamais une nécessité. S’il en était besoin, rappelons aussi que notre présence dans les débats initiés par les uns et les autres ne signifie pas que nous adhérions à telle ou telle thèse et encore moins à telle ou telle écurie. Cet agenda n’est pas le nôtre et nous ne serons la caution de personne en acceptant de discuter avec tous.
Un mot, enfin, sur l’air du temps : Nicolas Sarkozy est revenu sur ses déclarations; ce seront tous les occupants d’un camp de Sangatte à la population préalablement épurée qui trouveront asile en Grande Bretagne et en France. En même temps, Nicolas Sarkozy fait expulser, à l’heure du laitier, hommes, femmes et enfants Roms roumains vivant dans des bidonvilles et en renvoie plusieurs en Roumanie, là où on sait qu’ils sont discriminés. Plusieurs Afghans ont subi le même sort au grand dam du HCR qui se rend compte, un peu tard, qu’il convient d’être prudent quant au respect des engagements pris par le ministère de l’intérieur. En attendant, bien sûr, les réfugiés n’ont pas cessé d’arriver et vivent où ils le peuvent y compris dans les bois et sont pourchassés par des forces de l’ordre qui les emmènent vers des destinations inconnues tout en proclamant qu’ils seront accueillis correctement. Politique de gribouille qui allie les effets d’annonce, les mesures humanitaires, les renoncements et le bâton.
Elle ne pourra faire illusion qu’un temps.