L’année 2002 aura été rude et l’année prochaine ne sera pas « un long fleuve tranquille ». Ici le gouvernement poursuit imperturbablement sa politique : projet Sarkozy, projet Perben, tous deux ont en commun de porter lourdement atteinte aux libertés et de s’en prendre aux plus faibles d’entre nous. Les institutions de la République sont modifiées au profit d’une décentralisation exprimant un « tout libéral » qui instituera l’inégalité des droits. Bien entendu, de référendum il n’en est plus question, la promesse électorale s’est envolée au bénéfice d’une procédure parlementaire qui interdit aux citoyens de s’exprimer. Au demeurant, pourquoi demander aux citoyens leur avis quand la réforme qu’on leur impose les exclut un peu plus de la vie démocratique ? A l’étranger le drame israélo-palestinien se poursuit. Tous les jours, dans la plus parfaite impunité, l’armée israélienne tue, arrête et détruit, elle est priée de faire preuve de retenue, dit le parrain américain… C’est le même qui se prépare à faire la guerre à l’Irak. Disons le tout net, le sort du régime de Bagdad nous importe peu et si l’opinion publique occidentale reste majoritairement défavorable à ce conflit, soyons certains que les Irakiens, dans toutes leurs composantes, considèrent qu’ils n’ont rien à perdre d’une guerre qui mettraient à bas une des pires dictatures contemporaines. Mais, aujourd’hui encore plus qu’hier, les peuples sont dépendants les uns des autres. Cette guerre, si elle peut conduire à la chute de Saddam Hussein, n’établira qu’une fausse paix, fondée sur la vision géostratégique et la volonté de pouvoir des États-Unis, sans tenir compte des intérêts des peuples d’Irak et encore moins de ceux de la région. Soyons certains qu’une telle guerre ne fera qu’aggraver le sort des Palestiniens et favorisera un peu plus tous les fous qui font profession de terreur. Certes, la France s’est distinguée en freinant considérablement les initiatives des Etats-Unis. Tiendra-t-elle ce cap longtemps ? Il est à craindre qu’il n’en soit rien et que tôt ou tard, le Président de la république, sans même saisir le parlement, nous entraîne dans ce conflit. Mais, d’ores et déjà, si l’objet de cette guerre concerne bien le régime irakien lui-même, pourquoi ne pas mettre en place un Tribunal pénal international sur les crimes de Saddam Hussein, mettre au ban de la société internationale tous ses affidés et geler leurs avoirs personnels ? Aurait-on peur qu’une telle procédure mette à jour les complicités industrielles et politiques que le gouvernement de Bagdad a su si bien acheter durant des décennies ? L’hypocrisie de la communauté internationale, en ce domaine comme dans d’autres, est insupportable. La LDH se prépare donc une année certainement pas moins chargée que la précédente. D’autres militants sont venus nous rejoindre et nous en aurons bien besoin. Dès le mois de janvier, nous descendrons dans la rue contre le projet de Nicolas Sarkozy. Malgré l’engouement dont bénéficie ce dernier, nous avons réussi à mobiliser au-delà de notre sphère d’influence habituelle. De cela nous pouvons nous féliciter. En revanche, gardons-nous de nous satisfaire de cette situation. Si la LDH a été le fer de lance de cette lutte, c’est aussi parce que le débat politique est hypothéqué par la faiblesse de l’opposition politique. A l’heure où la majorité présidentielle monopolise les postes et les pouvoirs, la démocratie ne trouve pas son compte à ce que les associations et syndicats préemptent le débat avec le gouvernement, faute d’une réponse politique de ceux qui ont une vocation naturelle à l’apporter. Profitons donc des quelques instants de répits que nous procurent les fêtes de fin d’année pour reconstituer nos forces. Nous en aurons bien besoin. Bonne année à tous.