20 ans après le drame de Sabra et Chatila, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine dénonce l’oubli et l’ostracisme dans lesquels sont plongés les réfugiés palestiniens au Liban; et, face à leur situation, la démission des instances internationales (ONU, UNRWA).
Du 16 au 18 septembre 1982, suite à l’évacuation des combattants armés palestiniens sous protection internationale, plus d’un millier de réfugiés palestiniens laissés sans défense dans les camps de Sabra et Chatila à Beyrouth sont massacrés par les phalangistes libanais, avec la complicité de l’armée israélienne.
Aucune commission d’enquête internationale n’a jamais été menée pour éclairer les circonstances de ce drame et aucun responsable libanais ni israélien n’a été inquiété. En 1983, la commission israélienne présidée par le juge Kahane avait conclu à la responsabilité personnelle du Premier ministre israélien actuel, Ariel Sharon. Celui-ci avait alors été contraint de démissionner de son poste de Ministre de la Défense. Aujourd’hui, la bataille juridique se poursuit pour que le Premier ministre israélien fasse l’objet de poursuites en Belgique. L’absence de réponse claire à cet imbroglio juridique reflète l’indifférence générale non seulement à l’égard des survivants et des familles des victimes, mais aussi à l’égard de l’ensemble des réfugiés palestiniens.
A l’impunité dont bénéficient les acteurs du massacre s’ajoute un déni de droit et l’absence de réponse aux besoins fondamentaux des réfugiés palestiniens.
Ainsi, les 12 540 survivants des massacres de Sabra et Chatila et leurs descendants, à l’instar des 380 000 Palestiniens vivant au Liban, n’ont aucune nationalité ni libanaise ni palestinienne.
Pourtant, la communauté internationale reconnaît sa responsabilité dans la question du traitement des réfugiés palestiniens dès décembre 1948, par le vote de la résolution 194. Elle précise « qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre avec leurs voisins ». En 1949, les Nations Unies créent l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies chargé des réfugiés de Palestine.
En 2001, le déficit budgétaire de l’UNRW A est de 65 millions de dollars, soit 21 % du budget total, faute de contributions financières des Etats membres. Il en résulte une dégradation désastreuse dans les secteurs de la santé et de l’éducation, alors que les besoins liés à la croissance démographique augmentent.
Aujourd’hui, les camps sont toujours là, figés : mêmes immeubles détruits, même misère, même impasse. La vie s’y égrène au rythme des interdictions de la loi libanaise : interdiction d’agrandir les camps, interdiction d’être propriétaire, interdiction d’exercer une liste de soixante quatorze professions, interdiction de se constituer en association tandis que les déplacements en dehors des camps se font sous la surveillance de l’armée.
La situation désespérée des Palestiniens au Liban est significative d’un constat: quelles que soient les modalités pratiques du règlement du conflit israélo-palestinien, tout accord destiné à construire la paix devra impliquer la reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens et parvenir ainsi à une juste solution.