Voici un nouvel exemplaire du rapport d’activité de la LDH. Comme chaque année, c’est à la fois avec satisfaction, devant l’importance du travail accompli, mais aussi avec un certain regret que nous publions ce document. En effet, nous aurions matière à aller bien au-delà du simple recensement de nos activités et nous pourrions publier un véritable état des droits de l’Homme en France. Le fait que les forces pour le faire nous manquent, n’en est que plus désolant.
Si nous nous contentons d’une approche purement quantitative, ce document comprend 230 pages environ, soit une augmentation appréciable par rapport à celui de l’année 2001. Il est vrai que l’actualité, bien plus que nous ne le souhaitions, nous a servi de quoi réagir et de quoi agir. Une fois de plus, nous y trouvons le reflet d’une activité qui embrasse les champs les plus divers. Il n’y a là rien d’étonnant, puisque notre définition même, nous conduit à intervenir dans bien des domaines et à nous approprier presque tout ce qui touche à l’humain.
Ce rapport témoigne de la permanence de nos engagements. L’ouverture de nos archives, récupérées plus de 60 ans après leur disparition, montre, par exemple, que les étrangers, le droit d’asile, les comportements policiers étaient déjà le pain quotidien de la LDH et que cela n’a guère changé aujourd’hui. Bien sûr, nous ne sommes pas restés à l’écart des autres sujets que les évolutions de la société et des sciences ont soumis à notre examen. Au total, c’est l’image d’une humanité complexe, qui transparaît de ces pages et dont nous rendons compte au travers de ses dérèglements. Eternels « droits-de-l’hommistes », nous mettons en lumière les injustices, l’arbitraire, le racisme, tout ce qui fait l’ordinaire d’une société qui ne se porte pas bien. On serait en droit de se demander, d’ailleurs, pourquoi la France serait un îlot de bonheur dans un monde qui va encore plus mal. Certes, notre vie n’est pas la pire, qui soit, et la pauvreté va rarement, chez nous, jusqu’à la faim et la mort. Mais, nul n’est légitime à relativiser la violation des droits ici, au nom de violations encore plus grandes commises ailleurs. A raisonner ainsi, c’est vers le bas que l’on tirerait systématiquement les droits de l’Homme puisque nous devrions nous contenter de ce qui n’est pas le pire au prétexte que le pire règne ailleurs.
Depuis sa fondation, la LDH avec ses membres, sur lesquels pèse la totalité du travail retranscrit dans ce rapport, est ainsi faite, depuis sa fondation, pour être l’éternelle mauvaise conscience de la République. Ce qui suit montre que nous n’avons pas renoncé à cette mission : malgré l’envie de certains, nous la continuerons avec la même détermination.
A l’année prochaine.
Michel TUBIANA, Président de la LDH