Monsieur Brice HORTEFEUX,
Ministre de l’Immigration, de l’Intégration,
de l’Identité Nationale et du Co-développement
Paris, le 22 août 2008
Monsieur le Ministre,
Informés de la menace de reconduite à la frontière qui pèse actuellement sur plusieurs lycéens, nous nous inquiétons particulièrement de voir ainsi les préfectures prendre pour cible ces jeunes arrivés mineurs sur notre territoire, qui y suivent une scolarité le plus souvent réussie et y manifestent une réelle volonté d’insertion sociale et professionnelle.
· Taoufik El MADROUSSI, lycéen marocain de 21 ans, en France depuis 2002 d’abord chez son frère (français) puis dans une famille d’accueil. Ce jeune a certes fêté son anniversaire par une conduite qui est loin de lui être habituelle et qui ne s’explique que par un excès de boisson qui ne lui est pas coutumier. Mais est-ce une raison pour briser son avenir ? Tous les témoignages, aussi bien de sa famille d’accueil que de ses enseignants à Malakoff (92) confirment que ce jeune homme est sérieux et ne mérite en rien de voir ses études interrompues et ses projets anéantis. Prévenus la veille, trois de ses professeurs étaient le 22 août à 5h30 du matin à Roissy pour marquer leur volonté qu’il demeure en France.
· Dan JIN, élève de 2de au Lycée Professionnel Arthur Rimbaud à
· Alae-Eddin EL JAADI, 19 ans, a été arrêté mercredi 20 août 2008, à son domicile lyonnais par la police et là encore une menace de reconduite à la frontière pèse sur lui. Cet élève du lycée professionnel Tony Garnier (69), qui s’était d’ailleurs déjà massivement mobilisé pour lui en octobre 2007, y a réussi son CAP dans une spécialité du bâtiment. Il a manifesté une grande volonté d’intégration qui s’est concrétisée dans un projet d’insertion professionnelle par l’apprentissage. Dans ce but, il a fait les démarches nécessaires auprès de vos services afin de pouvoir bénéficier d’un titre de séjour compatible avec un contrat de travail. C’était dans la logique de l’insertion et de la réussite, mais aussi de l’ouverture à une immigration de travail dans un secteur professionnel où la main d’œuvre manque particulièrement.
De façons différentes, mais convergentes, tous ces jeunes manifestent la vitalité et la volonté de réussite et d’insertion de jeunes majeurs immigrés en France, arrivés mineurs, mais qui se trouvent privés du droit au séjour à leur majorité, alors qu’ils vivent le plus souvent au sein d’une cellule familiale et suivent un parcours de formation efficace dans l’Education nationale. Nous nous étonnons que la réponse administrative à cet engagement positif soit l’interpellation, la rétention et la menace d’une reconduite forcée à la frontière. Les considérations humaines et de bon sens ne peuvent-elles l’emporter sur le triste engrenage de la politique du chiffre ?
Nous vous demandons avec insistance que ces jeunes soient libérés et reçoivent un droit au séjour leur permettant de poursuivre une insertion personnelle et sociale déjà bien engagée dans notre pays.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma respectueuse considération et de mon attachement aux droits de l’Homme
Jean Pierre DUBOIS
Président de
Catherine TOURIER
Réseau Education Sans Frontières