Communiqué commun
Un charter à destination de Kaboul doit décoller très prochainement pour « reconduire » plusieurs dizaines d’Afghans, déboutés de l’asile et/ou en situation irrégulière, qui étaient venus chercher refuge en Grande-Bretagne et en France. Divers signes (rafles, arrestations sélectives, concentration d’Afghans dans les centres de rétention en France, demandes de laissez-passer au consulat afghan) indiquent que l’expulsion devrait avoir lieu en tout début desemaine, peut-être dès lundi.
Les ministres de l’intérieur du G5 (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni) l’avaient annoncé lors de leur réunion des 4 et 5 juillet 2005 à Evian : ils allaient mutualiser leurs forces et organiser des vols charters communs pour expulser des étrangers à grande échelle.
De tels traitements collectifs sont en soi des violations flagrantes des conventions internationales signées par les Etats d’Europe, et ne peuvent s’effectuer qu’au mépris de la dignité des personnes.
Le choix de l’Afghanistan comme première destination de ces expulsions est particulièrement choquant. L’Afghanistan est actuellement tout sauf un pays sûr : la situation n’y a jamais été aussi explosive que ces derniers mois. Les assassinats, enlèvements, attentats se succèdent dans tout le pays (1), à l’approche des élections législatives du 18 septembre prochain. L’ONG Human Rights Watch a publié un rapport le 7 juillet condamnant l’impunité dont jouissent d’anciens seigneurs de la guerre pour les exactions qu’ils commettent alors qu’ils sont aujourd’hui officiellement employés par le président Karzaï. Même à Kaboul, la capitale prétendument sécurisée – où sévit par ailleurs une épidémie de choléra (plus de 2 000 cas recensés le 14 juin) – une école de filles a été attaquée par des taliban le 22 juin, en plein jour.
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Les renvois par charters sont présentés par les gouvernements européens comme d’efficaces et nécessaires signaux de dissuasion à l’adresse des personnes tentées par l’émigration. De fait, ils véhiculent principalement un message d’humiliation et d’indifférence hautaine des pays occidentaux à l’égard des populations des pays pauvres ou en état de conflit.
Nous demandons instamment aux autorités françaises et britanniques de renoncer à tout projet d’expulsion vers l’Afghanistan, et aux autorités de l’Union européenne de renoncer à l’avenir à la politique inutile et démagogique de renvois collectifs, aux niveaux national et européen.
(1) Ces dernières semaines, ont ainsi été plus particulièrement évoquées les provinces de Kandahar, de Paktika, de l’Uruzgan, de Khôst, du Badakhshan, de Kounar, d’Helmand, et la région de Kunduz. Sans parler de la province de Takhar, où la population s’est révoltée contre les autorités locales, corrompues ou incapables.
Contacts : CIMADE 01 44 18 72 65 + GISTI 06 81 90 74 33 + National Coalition of Anti-Deportation Campaigns 0870 283 276
Pour nouvelles signatures d’organisations :
exiles10-travail@rezo.net
PREMIERS SIGNATAIRES
Espagne
Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA – www.apdha.org)
France
CIMADE (www.cimade.org), Collectif de soutien des exilés (www.exiles10.org), Collectif de soutien d’urgence aux réfugiés (C’Sur – Calais, http://csur62.free.fr), Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI – www.gisti.org), Ligue communiste révolutionnaire (LCR – www.lcr-rouge.org), Ligue des droits de l’Homme (LDH – www.ldh-france.org), Parti communiste français (PCF – www.pcf.fr), les Verts (www.les-verts.org)
Grande-Bretagne
Bail Circle (UK – www.cambridgebailcircle.org.uk), Joint Council for the Welfare of Immigrants (JCWI – www.jcwi.org.uk), National Coalition of Anti-Deportation Campaigns (NCADC – www.ncadc.org.uk)
Paris, le 25 juillet 2005