La condamnation de l’association Droit au logement (DAL) par le tribunal de police pour fourniture de tentes à des SDF permet de ne pas oublier que la justice est à la fois une vertu et un ministère, mais qu’un gouffre se creuse parfois entre celle-là et celui-ci.
Ainsi donc, donner des tentes à des sans-logis c’est « encombrer la voie publique » : les personnes les plus démunies de la société ne sont que des gênes à la circulation. Etrange façon de marquer l’entrée en vigueur, dans moins d’une semaine, du « droit au logement opposable »…
On notera que, selon l’association qui se bat avec les SDF, la justice poursuit ou ne poursuit pas les militants. La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen proclame pourtant que « la loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». Faut-il la faire lire à certains magistrats ?
En tout état de cause, on sait à présent ce que signifie « droit au logement opposable » pour les gouvernants actuels : un discours de compassion, des promesses non suivies d’effet, et des poursuites pénales pour ceux qui ont l’audace de prendre les droits au sérieux. Au passage, la condamnation de DAL à 12 000 euros d’amende s’inscrit dans une stratégie d’étranglement financier des associations indépendantes des pouvoirs publics qui frappe tous azimuts sous couvert de réforme budgétaire.
La Ligue des droits de l’Homme, qui a rencontré hier le DAL pour envisager les ripostes citoyennes à cette offensive contre le droit au logement, assure les militants du DAL de sa totale solidarité et prendra part aux actions de protestation contre l’intimidation des défenseurs des droits et contre la régression dont est porteur, dans son état actuel, le projet de « loi Boutin ».
Paris, le 26 novembre 2008