Tribune du Crid, dont la LDH est membre
Les mobilisations dites « des Gilets Jaunes » ont mis en lumière la violence d’une mondialisation néolibérale avec ses précarisations et ses inégalités, effets qui préoccupent depuis longtemps nombre des citoyennes et citoyens et que dénoncent au quotidien syndicats et associations.
Le mouvement de la jeunesse se développe depuis des semaines partout en Europe, pour que des décisions effectives permettent de préserver les équilibres fondamentaux sur la planète. Il est une autre face essentielle de la mobilisation de la société.
Ces actions montrent l’aspiration à ce que justice sociale et « fin du mois », d’une part, enjeux climatiques et « fin du monde », d’autre part, trouvent les réponses cohérentes qui s’imposent. Nos organisations savent combien cette aspiration est partagée ici et ailleurs.
De la table familiale aux débats organisés, ce qui se discute nous concernent toutes et tous, tant ce qui est en jeu est fondamental pour notre société. Malheureusement, les questions telles qu’elles ont été formulées par le « Grand débat » ne correspondent pas à celles qu’il faut traiter.
En permanence, il est demandé de « proposer » en réponse à des questions très contestables. Il est demandé de « choisir » comme si nos attentes, nos besoins, étaient en compétition avec les attentes, les besoins, du voisin.
Inversement, la question de la juste répartition des richesses est considérée comme hors-jeu. Et, alors que le Conseil constitutionnel a accordé une valeur constitutionnelle au principe de « fraternité », les questions n’abordent pas les différentes solidarités à mettre au cœur des politiques publiques.
Notre boussole dans les débats actuels, à nous associations de solidarité internationale, c’est ce qui vient de nos actions pour l’intérêt général, pour les communs, pour les droits effectifs de toutes et tous. Nous savons qu’il n’y a qu’un monde, que les droits y sont d’autant mieux assurés ici qu’ils progressent là-bas.
Face aux valeurs de compétition, de repli sur des identités qui excluent, d’individualisme magnifié, qui ne répondent nulle part aux enjeux sociaux, aux questions de pauvreté, de dérèglement climatique, de migrations et de démocratie, nous savons ne trouver de solutions que dans une perspective globale et solidaire.
La solidarité est au centre de ce qui permet de « faire société », c’est à dire de répondre en permanence aux déséquilibres qui se traduisent aussi par l’urgence humanitaire, l’urgence sociale, la défense des droits civils et politiques…
Les inégalités, la pauvreté, les précarités au Sud sont encore souvent inscrites dans l’histoire avec la colonisation et la traite négrière. Elles se vivent au présent avec dette, racisme, accaparement des terres et des ressources naturelles, injustice climatique.
L’action de solidarité internationale repose largement sur l’engagement de citoyens et citoyennes en France qui expriment ainsi leur sentiment d’appartenance à un seul monde.
C’est ce même sentiment qui fait que ces mêmes citoyens et citoyennes sont souvent engagé·es pour les politiques de solidarité en France, au service d’une société qui doit veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.
Nous espérons que le débat qui se mène aujourd’hui dans notre pays permettra de ramener au centre des politiques publiques et de l’économie ce qui fait le meilleur d’une société : un accès effectif aux droits pour toutes et tous, une démocratie qui ne peut convaincre que lorsqu’elle associe jusqu’aux personnes les plus précaires, la solidarité comme principe d’organisation, des politiques réellement mises en œuvre pour que la Terre soit durablement habitable pour toute l’humanité.
Paris, le 27 février 2019