Près de cinq mois après la première des deux opérations répressives, menées par plus de 4 000 militaires et policiers marocains qui ont visé la population de Sidi Ifni (7/8 juin ; 18/19 août), 22 personnes sont toujours emprisonnées, 2 ont déjà été condamnées, 9 sont en liberté provisoire.
Les témoignages attestent d’un déchaînement de violence et d’un bilan particulièrement grave : des dizaines de blessés, un grand nombre d’arrestations, des maltraitances humiliantes visant notamment des femmes, des tortures avérées, des violations et des dégradations d’immeubles…
Ni les revendications de la population – réclamant depuis des années des créations d’emploi et des projets de développement local – ni la façon dont elle les exprimait ne sauraient justifier une telle démonstration de violence et la volonté d’intimidation qui la sous-tend.
Les problèmes soulevés s’enracinent dans le contexte socio-économique du Maroc, ses difficultés à se dégager du poids du clientélisme, de la corruption et du népotisme.
Assurer le développement et la démocratie suppose un respect effectif de ces libertés les plus élémentaires que sont les droits à l’organisation, à l’expression et aux manifestations.
C’est pourquoi
Paris, le 27 octobre 2008