Communiqué commun FIDH, LTDH, CNLT, ATFD et LDH
Paris, Tunis, le 29 avril 2008 – La FIDH et ses affiliées tunisiennes, la LTDH, le CNLT et l’ATFD, et française, la LDH, expriment leur consternation après le discours du Président français, à Tunis le 28 avril 2008. Sous le prétexte qu’il ne pouvait s’ériger en « donneur de leçon » à l’égard de son « ami » le Président tunisien, Nicolas Sarkozy n’a rien fait d’autre en réalité que donner à son homologue, comme son prédécesseur l’avait fait, un blanc-seing pour sa politique et ses méthodes arbitraires concernant les droits de l’Homme.
Il ne s’agissait pas en l’occurence de s’ériger en « donneur de leçon », mais en partenaire responsable et soucieux, en tant que futur président de l’Union européenne, de soutenir une évolution démocratique dont tous les observateurs internationaux s’accordent à constater la cruelle absence. Si l’on ne peut faire le reproche au président français d’ignorer l’accord d’association qui lie la Tunisie et l’Union européenne – il y a fait référence -, on reste perplexe devant la lecture tronquée qu’il en a faite, en ignorant que la question des droits de l’Homme est censée constituer un « élément essentiel » de cet accord. De même a-t-il ignoré les engagements pris par la Tunisie au titre des instruments internationaux garantissant les droits universels, et celles et ceux au sein de la société civile, qui les défendent au prix de leur liberté.
La signature de contrats commerciaux, la gestion des migrations et la lutte contre le terrorisme sont apparues in fine comme les principales préoccupations de la France. Non que ces préoccupations soient illégitimes, il n’était pas nécessaire pour les faire valoir, d’accréditer un régime autoritaire.
En guise de « rupture », le Président Sarkozy a offert à Tunis une manifestation attristante de la pire des continuités.