Monsieur le Ministre,
Madame la Secrétaire d’Etat,
L’inculpation de monsieur Mouhieddine Cherbib, citoyen franco-tunisien résidant à Paris, président de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), et de 37 autres citoyens tunisiens « coupables » comme lui de solidarité avec les populations du bassin minier de Gafsa (« appartenance à une bande, participation à une entente établie dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre des personnes ou des biens » et « distribution, mise en vente, exposition au regard du public, détention en vue de la distribution, de la vente, de l’exposition dans un but de propagande de tracts et de bulletins de nature à nuire à l’ordre public ». 6 à 12 ans de prison et 120 à 1200 DT d’amende), est une nouvelle preuve du caractère massif des atteintes aux droits de l’Homme dont se rend quotidiennement coupable le régime autoritaire au pouvoir à Tunis.
Qu’il s’agisse du droit au travail, de la liberté de s’associer ou de manifester, ou encore du droit à ne pas être détenu arbitrairement voire soumis à la torture, l’Etat tunisien viole de manière répétitive et grave les obligations internationales qu’il a lui-même acceptées et souscrites. Le recours à de telles méthodes policières et l’instrumentalisation d’une justice privée de toute indépendance ne peuvent laisser indifférent ou taisant le gouvernement français.
Lors d’une réunion tenue à l’initiative de la FTCR, les responsables de la Ligue des droits de l’Homme, dont Mouhieddine Cherbib est aussi un militant, et des organisations syndicales françaises, sont convenus de vous demander publiquement, en vos qualité de Ministre des Affaires étrangères et de Secrétaire d’Etat chargée des droits de l’Homme, d’intervenir au soutien de la liberté d’expression et d’association face à cette criminalisation de la solidarité avec les syndicalistes tunisiens et de protester auprès des autorités tunisiennes contre ces poursuites incompatibles avec les normes internationales protégeant les droits fondamentaux.
Telle est le sens de la présente lettre, dont vous comprendrez, au regard des circonstances, que nous la rendions publique sans attendre.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, Madame la Secrétaire d’Etat, l’assurance de notre haute considération.
Paris, le 28 octobre 2008