Communiqué de la LDH Nouvelle Calédonie et de la LDH France
La Ligue des Droits de l’Homme de Nouvelle Calédonie et la Ligue Française des Droits de l’Homme :
– constatent, qu’à l’initiative du Président de la République, le prochain recensement ignorera la répartition des habitants de Nouvelle-Calédonie en fonction de l’appartenance qu’ils revendiquent à l’une ou l’autre des populations qui vivent dans ce « Pays d’Outre-Mer », selon sa dénomination officielle.
Alors que la Nouvelle Calédonie est toujours marquée par l’empreinte du colonialisme, refuser d’appréhender la population du Territoire au travers de ses différentes composantes, c’est nier l’histoire coloniale et revenir sur la reconnaissance du peuple Kanak en tant que peuple colonisé.
C’est violer aussi l’Accord de Nouméa, validé par le Conseil Constitutionnel, qui reconnaît le fait colonial et organise l’avenir du Territoire autour de la légitimité commune du peuple colonisé et du peuple migrant présent au moment de l’Accord.
Loin de constituer une quelconque discrimination à raison de la mention de l’origine, un recensement qui prenne en compte les diverses populations qui vivent en Nouvelle Calédonie peut seul permettre la mesure de la réalité coloniale et donc des rééquilibrages nécessaires.
La LDH-NC et la LDH-France rappellent qu’il s’agit là d’une des conditions essentielles pour que se construise un avenir conforme à la lettre et à l’esprit de l’Accord de Nouméa.
Le Président de la LDH-NC – Elie Poigoune
Le Président de la LDH-France – Michel Tubiana
Accord de Nouméa. Préambule. « …La colonisation a porté atteinte à la dignité du peuple kanak qu’elle a privé de son identité. Des hommes et des femmes ont perdu dans cette confrontation leur vie ou leurs raisons de vivre…Il convient de restituer au peuple kanak son identité confisquée, préalable à la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun. »
Mais aussi : « Les communautés qui vivent sur le territoire ont acquis par leur participation à l’édification de la Nouvelle-Calédonie une légitimité à y vivre et à continuer à contribuer à son développement. »
Et enfin : « …Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage… »
Comment se reconnaître, comment assurer le rééquilibrage, sans savoir qui est qui et quelle est l’importance des communautés ?