Communiqué de la LDH
Le cabinet du ministre de l’Intérieur a souhaité rencontrer la Ligue des droits de l’Homme pour discuter du projet de loi réformant le Code d’entrée et de séjour des étrangers et des demandeurs d’asile.
La LDH, pleinement impliquée dans l’action du Collectif « Uni(e)s contre une immigration jetable », entend rappeler au conseiller de Monsieur Sarkozy son opposition à l’ensemble des mesures prévues dans ce projet de loi.
Ce texte, s’il était adopté, créerait des milliers de nouveaux « sans-papiers » en durcissant les conditions d’obtention des cartes de séjour, ferait disparaître de la loi toute possibilité de régularisation y compris pour des personnes intégrées de longue date dans la société française, réduirait à une peau de chagrin le champ d’application de la carte de résident, mettrait très gravement en cause le droit au respect de la vie privée et familiale et instituerait enfin, avec la carte « capacités et talents », un régime d’exploitation des ressources humaines des pays du Sud par les entreprises françaises qui semble plus compatible avec la vision d’un rôle « positif » du passé colonial de notre pays qu’avec les discours officiels sur le co-développement. Quant au volet « intégration » de ce projet de loi, il apparaît plus comme une obligation restrictive imposée aux immigrés que comme l’expression d’une volonté politique de les accueillir dans la dignité et le respect de leurs droits.
La LDH appelle les pouvoirs publics à penser leur politique migratoire non sur la base de calculs électoraux dangereux pour les libertés démocratiques, mais à partir du respect des engagements internationaux de la France relatifs aux droits de l’Homme, de la prise en considération des êtres humains comme sujets de droits et non comme marchandises, et de la compréhension de la richesse que constitue aujourd’hui l’immigration pour les sociétés européennes, comme elle l’a été dans le passé.
Paris, le 6 mars 2006