Appel adopté à l’issue du colloque du 4 mars organisé par les associations Harkis et droits de l’Homme, LDH, Ligue de l’enseignement, Unir, Coup de soleil
Colloque ’1956-2006/50 ans,les harkis dans l’histoire de la colonisation et ses suites’
Ceux qu’on a désignés sous le terme de harkis ne formaient pas un courant politique, ni n’avaient fait un choix idéologique les conduisant à s’engager comme supplétifs de l’armée française. Ils n’ont été ni des militants de l’Algérie française, ni des adversaires de l’indépendance de l’Algérie. Souvent isolés dans leurs campagnes et illettrés, vivant dans le dénuement comme la plupart des paysans algériens, ces hommes se sont retrouvés plongés dans le plus grand désarroi quand s’est instauré l’état de guerre.
Leur drame est le résultat d’une situation complexe où les deux belligérants ont exercé sur eux des pressions et des violences de toutes sortes pour s’attacher leurs services, ou pour les punir de faits dont on les accusait et que, la plupart du temps, ils n’avaient pas commis.
Au lendemain de l’indépendance, les harkis et leur famille ne représentaient aucun danger pour l’Algérie, et leur vie était censée être protégée par les accords d’Évian cosignés par le jeune État algérien. Pour ces raisons, les crimes commis contre ces personnes désarmées et le comportement des autorités algériennes qui les ont encouragés ou laissé faire constituent des violations fragrantes des droits de l’Homme.
Les harkis et leurs enfants ont payé un lourd tribut à la guerre d’Algérie, non seulement en termes de pertes humaines et de drames familiaux, mais en termes d’exil, et, pour ceux d’entre eux – la grande majorité – qui sont restés en Algérie, d’humiliations permanentes par le pouvoir politique qui les considère encore avec mépris et les prive de leurs droits élémentaires.
La persistance, plus de quarante ans après la fin de la guerre, de ce rejet d’une partie des enfants d’Algérie, les tracasseries dont ils sont aujourd’hui encore l’objet et leur diabolisation quotidienne dans la presse et le discours officiel, allant jusqu’à empêcher que des morts trouvent une sépulture dans la terre de leurs ancêtres, tout cela constitue de graves manquements aux droits de l’Homme auxquels l’Algérie a pourtant souscrits.